A chaque fois que je feuillette
La Gazette de l'Hôtel Drouot, je suis impressionné par le nombre d'objets d'art qui changent de mains chaque semaine, pour le plus grand bonheur des collectionneurs et des... commissaires-priseurs.
A ce propos, connaissez-vous la fameuse "règle des trois D" ? On dit que pour qu'un objet d'art revienne sur le marché, il faut en effet que son propriétaire "D"écède, "D"ivorce ou ait des "D"ettes à honorer. Eh oui, nous n'emporterons pas nos "bébés" dans l'Au-delà :-( et c'est bien souvent grâce à Dame Nature que nous en profitons. C'est aussi - et heureusement bien plus fréquemment ! - parce que leur ancien propriétaire s'en est lassé ou a envie de changement...
En ce moment, le marché est excellent pour tout ce qui sort de l'ordinaire. Il l'a toujours été mais l'est encore plus en temps de crise, comme maintenant. Les collectionneurs avisés se disent qu'il vaut mieux être riche de beaux objets dont on profite tous les jours et qui se valoriseront naturellement que de titres insipides à l'avenir plus qu'incertain.
La semaine dernière, je vous ai parlé d'une toile de Bernard BUFFET intéressante parce que typique de ses débuts, où l'artiste est un vrai grand peintre. Un autre BUFFET passera en vente demain, à Pau (étude GESTAS-CARRERE) :
"Le Sacré Coeur de Montmartre", toile de 1996 (81 x 60 cm). Une oeuvre tardive (l'artiste est décédé en 1999) et hélas assez banale, certes unique mais paradoxalement pas rare du tout et estimée quand même 65.000 à 70.000 €. Bref, un BUFFET pour néophyte...
Si le travail de ce peintre injustement décrié - oui, il s'est répété, mais il n'est pas le seul, loin de là (1)... - vous intéresse, je vous conseille deux ouvrages :
Bernard BUFFET, le samouraï (par Jean-Claude LAMY, chez Albin Michel), une excellente biographie, et
Post scriptum, écrit par son épouse Annabel (chez PLON). Un très beau texte, poignant, sur l'absence de l'être aimé et la difficulté à vivre après la mort de ce dernier. "Reste que tu t'es suicidé et c'est moi qui suis morte ce jour-là". Elle en mourra, en effet. Deux ouvrages qui font réfléchir sur la célébrité, qui ne dure qu'un temps, et sur la mort, qui efface tout, à plus ou moins terme et qui que l'on soit...
Cette semaine, je m'offrirais bien :
- "Faune aux branchages", une belle zincographie de PICASSO, très "50". Cette estampe de 1948 est particulièrement intéressante car il s'agit d'une épreuve d'artiste, l'une des 5 existant, le tirage étant de seulement 50 exemplaires. Son estimation très modeste (3.000 à 4.000 €) devrait être largement dépassée (Primardeco, Toulouse, vente du 29 juin prochain).
- "Peinture 16 mai 1987", une superbe toile de Pierre SOULAGES (73 x 60 cm), certes tardive, mais pour ce peintre qui a su se renouveler ce n'est pas un défaut ! L'artiste va ici au-delà du noir en travaillant la couche picturale de façon à ce que celle-ci reflète la lumière et révèle des couleurs cachées (encore chez Primardeco et estimé 100.000 €).
- Et une sculpture pour terminer, un POMPON : "La tourterelle", bronze à patine noire de 23 cm de haut fondu par VALSUANI (toujours chez Primardeco, décidément !, où il est estimé 8.000 à 10.000 €). A condition qu'il soit bien authentique car le célèbre artiste de Saulieu est la cible de bien des faussaires depuis quelques années. Une expertise auprès du Comité PONPOM est donc indispensable (cliquez ici pour vous repérer dans le maquis des bronzes).
Bon week-end !
(1) La "répétition" est la solution de facilité
empruntée par bien des artistes qui ont rencontré le succès et voulu, par facilité, le
conserver. Un succès qui ne dure qu'un temps hélas, car l'histoire de l'art les attend au tournant. Le
peintre Georges MATHIEU, décédé il y a quelques jours et pendant
de BUFFET pour l'abstraction, a été dans le même cas, tout comme ARMAN, BRAYER, CARZOU et tant d'autres. De bons artistes... à leurs débuts. C'est déjà ça, n'est-ce pas ? Et au moins il n'ont copié personne, eux (je ne citerai pas de noms ;-)...