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Michel LUCOTTE (né en 1931)
avec "Couple" (H. 80 cm, 1951)
Cliché © Cosima LUCOTTE (2007) |
Si vous avez vu "Mon oncle", célèbre film de Jacques TATI, le superbe "Vase blanc" (1) qui trône dans l'étonnante villa moderniste des époux ARPEL ne vous aura certainement pas échappé...
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Michel LUCOTTE (né en 1931)
"Vase blanc" (H. 48 - ?- cm, 1951)
Cliché © Gérard JONCA |
Une rapide recherche sur le Net m'a conduit à son auteur, Michel LUCOTTE, que j'ai eu le plaisir de rencontrer le week-end dernier, chez lui, à Echevronne (Côte-d'Or), en compagnie de sa charmante épouse Cosima, également artiste (elle est photographe).
L'homme est sympathique et passionnant. A 82 ans, cet ancien élève des Beaux-Arts de Dijon a toujours bon pied bon oeil. S'il ne fait plus de céramique depuis bien longtemps, il écrit, dessine et sculpte quotidiennement. Hélas, son travail - où la recherche sur la forme prédomine - ne quitte que très rarement son atelier, l'artiste étant bien trop modeste. J'aurai l'occasion de vous parler de cette remarquable production ultérieurement...
Revenons pour l'instant à la céramique.
Très tôt orphelin de père, le futur artiste commence à travailler à 14 ans, en usine. Une bonne école car il y apprendra à se servir de ses mains. Et un gros avantage sur ses petits camarades lorsqu'il pourra réaliser son rêve : intégrer les Beaux-Arts de Dijon.
Il se passionne alors pour la céramique et n'a que 17 ans lorsqu'il produit ses premières pièces ! Il s'agit de vases et sculptures, généralement en plusieurs éléments, tournés, émaillés et assemblés. Oiseaux, personnages, vases, l'imagination est fertile, tout comme la réalisation, épurée et très originale.
Son travail aura beaucoup de succès, localement et à Paris pour sa première exposition, galerie MAI, en 1951. Il a alors 19 ans et s'apprête à faire son service militaire. A son retour, il ne poursuivra pas sur cette voie, faute de moyens, et lui préfèrera la sculpture, le dessin et la décoration, en collaboration avec un ami architecte. Il n'abandonnera toutefois pas complètement la céramique puisqu'il l'enseignera aux Beaux-Arts de Dijon puis de Beaune, jusqu'en 1991. Le professeur est toujours aussi pédagogue car j'aurai beaucoup appris à son contact, côté "technique". Au point d'avoir commandé dès lundi un pain d'argile, histoire de m'amuser un peu...
Michel LUCOTTE évalue sa production à une centaine de céramiques seulement, dont un certain nombre a hélas été détruit ou perdu.
Les dernières pièces en sa possession ont été exposées et vendues en 2008 à Paris par la galerie l'Arc en Seine. Elles ont d'ailleurs fait l'objet d'un superbe catalogue.
Dénicher "un LUCOTTE" sera donc tout sauf facile !
(1) Comme deux autres icônes du film, cette céramique a fait l'objet d'une édition limitée par
Domeau & Pérès, produite par la Manufacture nationale de Sèvres. Il s'agit en fait d'une interprétation, le nouveau "Vase blanc" étant en porcelaine unie et non en faïence craquelée. Il est également beaucoup plus épuré, comme vous pourrez le constater sur cette photo :
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Manufacture nationale de Sèvres
Nouveau "Vase blanc" (H. 49 cm, 2007)
Cliché © Domeau & Pérès |
Je vous recommande vivement la lecture de l'histoire - rocambolesque ! - de cette interprétation, écrite par Nicole CRESTOU et publiée sous le titre
L'étrange vie du vase de Michel LUCOTTE dans "La revue de la céramique et du verre" (n° 163, novembre-décembre 2008).
Le "Vase blanc" est actuellement la propriété de Domeau & Pérès et devrait un jour revenir à la Manufacture nationale de Sèvres :-(.
Quant au nouveau "Vase blanc", son tirage (8 exemplaires numérotés + 4 épreuves d'artiste) est presque épuisé...