Un pied de lampe "Cactus" (ou plutôt "Corail") de Pol CHAMBOST est
proposé en ce moment sur un site de vente aux enchères bien connu.
Ce modèle, le n° 1039, est l'un des plus prestigieux et les plus rares
de l'artiste puisqu'à ce jour on ne recense que... DEUX exemplaires !
Inutile de vous dire que l'apparition de ce troisième exemplaire il y a
quelques heures fait beaucoup jaser dans le microcosme...
La pièce est fausse pour trois raisons principales :
- il existe plusieurs différences notables dans les volumes des
"branches" (1) entre le faux, qui manque beaucoup de vigueur, et l'original (comparez les photos n° 1 :
le faux et 2 ainsi que 3 et 4 : l'original, la photo 4 étant extraite de la monographie consacrée au céramiste) ;
- ensuite parce que
l'émaillage n'a rien à voir avec celui des deux exemplaires originaux,
trop "léger", trop brillant, laissant apparaître la terre par endroits
(cf photo ci-dessus) ; rien à voit avec l'émail "noir 50" du céramiste, riche,
dense, satiné (cf photo 2 et 3) ;
- enfin parce que la base de la pièce est pleine et grossière (cf photo ci-dessus) alors que celle de l'original est creuse et "léchée" (pas de photo pour messieurs les futurs faussaires, désolé :-).
Côté signature, il semblerait que ce modèle n'ait curieusement pas été signé
puisque les deux exemplaires connus ne le sont pas (le second, qui
m'appartient, a été faussement signé "JOUVE" afin de faciliter sa vente
par un vendeur indélicat et pour en savoir plus au sujet de sa belle histoire, c'est
ICI).
Faux récent conçu pour tromper les collectionneurs ou "pompe commerciale" réalisée dans les année 60 (?) et signée d'un générique
"Vallauris" (rien ne dit qu'il soit né dans la ville au cent potiers ;
c'est peut-être une simple "ruse", Pol CHAMBOST n'y ayant jamais mis les
pieds ni collaboré de près ou de loin avec ses acteurs) ? Mystère !
Bref, soyez prudents, d'autant plus que Pol CHAMBOST n'est hélas pas le seul à avoir été imité. Plusieurs faux JOUVE, MADOURA PICASSO et... CLOUTIER sont récemment passés sur le marché et ont hélas trouvé preneurs. Compte tenu de la récente valorisation de la céramique 50 de qualité, nous ne sommes malheureusement qu'au début de cette "rançon de la gloire".
NB : du fait que les deux exemplaires répertoriés ne soient pas
signés, certains doutent que son auteur soit le célèbre céramiste
parisien.
Le doute n'est pas permis car il existe un dessin préparatoire de ce
modèle et datant de 1953 dans les archives de l'artiste (photo ci-dessus).
Un modèle pas assez abouti et qui ne "sortira" de ce fait qu'en 1954 (le premier exemplaire sera facturé le 9 octobre 1954), contrairement au vase Escargot (n° 894) et au grand pichet n° 895 figurant sur le même calque et dont les premiers exemplaires seront vendus à l'automne 1953 (ils apparaissent en facturation le 12 octobre 1953).
Merci à Philippe CHAMBOST, fils de l'artiste et expert de son
oeuvre, pour ces très intéressantes précisions. Philippe qui m'a précisé
avoir retrouvé dans les archives familiales ce modèle facturé en blanc
et en... vase !
Combien de 1039 ont été vendus à l'époque ? Très
peu et à priori (?) non signés. Il n'en faut pas plus pour expliquer le
fait que seul deux spécimens aient refait surface jusqu'à présent mais
tout est possible et je vous souhaite d'être un jour l'inventeur du
troisième "1039" ;-).
(1) Notamment à la base de la branche de gauche. Comparez cette zone, cerclée en rouge, avec la même zone sur la première photo. En haut le modèle authentique, en bas le faux.