Deux expositions ont lieu en ce moment à Vallauris : le second volet de "PICASSO, les chemins du Sud" (le premier se déroulant à Cannes) et la XXe Biennale internationale de céramique.
Personnellement, c'est plutôt la première qui m'a attiré, samedi dernier, dans "la cité aux 100 potiers", n'étant guère sensible à la céramique contemporaine...
Au bout du compte, les deux manifestations valent amplement le détour, qui plus est si vos vacances vous mènent sur la Côte d'Azur (vous avez jusqu'au 30 septembre, la Biennale durant quant à elle jusqu'au 12 novembre).
"PICASSO, les chemins du Sud" se tient au musée Magnelli, le célèbre musée de la Céramique. Vous pourrez y admirer des oeuvres de PICASSO (céramiques éditées par l'atelier MADOURA et lithographies sur Vallauris) et de nombreuses photos et photo collages d'André VILLERS ayant pour thème son ami Pablo (certains ont été fortement agrandis et fixés à différents endroits de la ville). Le clou de l'expo est incontestablement "Fumée à Vallauris", une belle toile de PICASSO (59,5 x 73,5 cm, reproduite ci-dessus) datant de 1951 et prêtée par le musée PICASSO de Paris, exceptionnelle par son sujet, l'artiste n'ayant produit que fort peu de paysages.
La Biennale est quant à elle beaucoup plus dispersée puisqu'il vous faudra vous rendre sur 6 sites différents pour tout voir (un seul billet d'entrée, au tarif modique de 2 €) :
1. Le musée Magnelli
C'est le site principal, celui du "concours 2012" (réservé aux créateurs citoyens de pays membres de l'Union Européenne). Les pièces sélectionnées ont été réparties en trois catégories : "le contenant" (section la plus traditionnelle), "design" (collaboration entre un designer et un céramiste praticien) et enfin "céramique architecturale, sculpturale ou conceptuelle" (la plus ésotérique pour moi).
Mon amie Marie-Jo, qui s'occupe de la promotion de la ville à l'Office du Tourisme, était de service pour une visite des amis du musée. J'ai donc profité de ses lumières ;-).
Personnellement, j'ai bien aimé :
Pièce montée, de Marie-Caroline PERREARD (section "contenant"), dont chacune des 9 parties est un contenant autonome. Emboîtées, elles forment un vase.
Sur les toits de Claire BADRIMONT et Pierre-Yves LE SONN (section "Design", prix de la ville de Vallauris). L'oeuvre est une réinterprétation des mitrons parisiens dans une série d'objets domestiques : vide-poches, corbeille, etc.
En revanche, j'ai hélas été insensible à L'exode, installation d'Élisabeth BRILLET (section "céramique architecturale, sculpturale ou conceptuelle", Grand prix de la ville de Vallauris). Désolé, mais, pour moi, une oeuvre qui ne procure aucune émotion ou plaisir à celui qui l'admire et qui ne tient - et encore ! - que par un discours-mode d'emploi alambiqué et soporifique n'est pas une oeuvre d'art. Ah si les amateurs de ce nouvel art académique pouvaient enfin expliquer - le plus simplement possible, SVP - ce qu'il y a d'intéressant en lui au lieu de traiter ceux qui y sont insensibles de réacs (c'est si facile). Bref, en attendant éventuellement d'être un jour "éclairé", l'art conceptuel et la masturbation mentale : vraiment très peu pour moi ;-). Comme le dit fort justement mon ami le peintre Georges BRIATA, "L'art n'est pas une pensée, c'est un fait. Pour le peintre, la solution de son problème est dans sa boite de couleurs, comme elle l'est dans l'encrier pour l'écrivain".
Ne quittez pas le musée sans allez admirer l'oeuvre - hors concours - du jeune céramiste japonais Shigeki HAYASHI, inspirée par la science-fiction, les films d’animation et le Manga (ci dessus, Heart break night). Techniquement, c'est la perfection !
2. La Salle Eden
Située juste à côté du musée Magnelli, cette salle accueille les céramiques de 7 artistes japonais de premier plan, le Japon étant le pays invité d'honneur de cette XXIIe Biennale. Le choix s'est porté sur ce dernier en raison de sa remarquable production de céramique et par solidarité, après la catastrophe qui l'a touché le 11 mars dernier.
Remarquablement mises en valeur dans un écrin noir (muséographie de Jean-Michel WILMOTTE), les pièces exposées sont toutes exceptionnelles par leur qualité technique et esthétique.
Les oeuvres sont sculpturales et épurées, très "zen", nos céramiste s'exprimannt par la forme, le volume, le traitement de la surface et la couleur, plutôt que par des effets décoratifs.
Mes coups de coeur ?
- Takagaki ATSUSCHI, avec ses vases à double glaçure (céladon et garance) dont les craquelures (larges sur les faces céladon et étroites sur les faces garance) sont le fruit de longues et délicates recherches.
- Kimura YOSHIRO et ses céramiques bleues. Leur subtil dégradé, du bleu profond au bleu "mers du Sud", allié à de remarquables craquelures dirigées, est vraiment une pure merveille (la photo ne rend vraiment pas justice au travail du céramiste). "Je souhaite créer des oeuvres qui puissent faire ressentir aux spectateurs l'éternité dans un battement de cils", dit l'artiste. Mission accomplie !
J'ai logiquement beaucoup aimé cette partie de la Biennale, les oeuvres exposées étant esthétiquements proches de bien des céramiques 50 françaises.
A suivre...