lundi 18 novembre 2013

"Venues d'ailleurs (1945-1970)"

Anna Eva BERGMAN (1907-1987)
"N° 1-1961" (1961) 
Tempera et feuille de métal sur panneau
32,5 x 40,5 cm

Très intéressante exposition en ce moment à la galerie ARTEMPER (1), où vous pourrez notamment admirer des oeuvres de Roberta GONZALEZ et Anna Eva BERGMAN, deux artistes dont j'apprécie et connais très bien l'oeuvre car elles partagèrent la vie de mon peintre favori : Hans HARTUNG.

Je laisse la parole aux galeristes organisateurs, Pierre-François et François ALBERT, qui en parlent bien mieux que moi.

C'est un peu long mais leur propos est très instructif :

L’exposition "Venues d’ailleurs (1945-1970)", organisée par la galerie Artemper, présente les œuvres de 18 femmes artistes étrangères de la Seconde École de Paris. Ce n’est que justice de rendre hommage à ces femmes qui ont fait partie de l’histoire de l’art de l’après-guerre, histoire qui n’a pas donné à la plupart d’entre elles la place qu’elles méritaient, car à cette époque, les femmes occupaient une place secondaire dans la vie sociale et en particulier artistique. Il fallait alors à une femme, plus de qualités pour acquérir la reconnaissance et la notoriété : plus de talent, de pugnacité, de courage, de chance, de relations, d’appuis... Rares sont celles qui sont devenues aussi célèbres que la portugaise Maria Helena Vieira da Silva ou l’américaine Joan Mitchell.

Peintres pour la plupart, mais aussi sculpteurs, ces femmes sont arrivées à Paris avant et après la seconde guerre mondiale en provenance d’Europe pour la majorité, mais aussi d’Amérique, principalement des États-Unis. Beaucoup ont quitté leur pays pour des raisons politiques fuyant le nazisme en Allemagne ou le communisme en Europe de l’Est. D’autres sont venues pour étudier ou pour retrouver à Montparnasse l’esprit des artistes célèbres de l’entre-deux-guerres, Pablo Picasso, Fernand Léger, Constantin Brancusi, Joan Miró et les Surréalistes... La capitale française est au sortir de la seconde guerre mondiale un lieu de cré ation intellectuelle et artistique en perpétuel mouvement. Comme le dit si bien Hella Guth (1908-1992) qui a quitté la Bohème en 1939 après l’invasion allemande : "au début des années 50, tout peintre avait besoin de vivre à Paris".

Toutes ces femmes se sont croisées, se sont connues et pour certaines, ont tissé des relations d’amitié forte, probablement par solidarité étant toutes des étrangères en France, mais aussi en réaction face à la prépondérance écrasante des hommes. Le monde parisien des arts est concentré : "A cette époque, il suffisait d’aller à certaines heures au Dôme, à la Rotonde, à la Closerie des Lilas ou aux Deux Magots pour se trouver parmi des gens intéressants" confiait l’artiste britannique Stanley William Hayter. Ces artistes avaient leurs ateliers à Montparnasse et dans les quartiers environnants.

Parmi les nombreuses femmes venues de l’Est, citons Ida Karskaya (1905-1990), russe de naissance. Son œuvre marquée par le travail de la matière et le collage exprime tant de liberté, de poésie et d’innovation qu’elle demeure inclassable entre les "Lettres Sans Réponse", les "Gris Quotidiens" ou encore "Les Invités de Minuit".

Impossible aussi de ne pas évoquer la peintre géorgienne Véra Pagava (1907-1988) qui a représenté la France à la biennale de Venise de 1966 où une salle est consacrée à ses œuvres, notamment ses lumineux et troublants "Paysages". Cette paysagiste abstraite qui a participé en 1937 et 1938 aux expositions parisiennes du Groupe Témoignage animé par Marcel Michaud était liée au groupe des peintres non-figuratifs dont Alfred Manessier, Gustave Singier, Jean Le Moal...

Ce même groupe des "Non-Figuratifs" comptait parmi ses membres, Elvire Jan (1904-1996) d’origine bulgare. Sa création prenait sa source dans une lumière impressionniste et abstraite. A partir de 1960, elle réalise de nombreuses aquarelles. "Une aquarelle d'Elvire, c'est, sous nos yeux, le monde en formation, nous sommes spectateurs de la Genèse" selon Jean Bazaine qui disait d’Elvire Jan qu’elle était la meilleure d’entre eux

Elvire Jan n’a pas obtenu la même reconnaissance internationale que sa grande amie Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992), l’une des chefs de file du paysagisme abstrait, elle aussi, proche du groupe des "Non-Figuratifs". Grand Prix de la biennale de Sao Paulo en 1965, elle fut la première femme à recevoir le Grand Prix National des Arts du Gouvernement français en 1966. Son œuvre au croisement du cubisme et de l’abstraction reflète bien l’esprit de la Non-Figuration dans ses villes, ses labyrinthes ou ses rayonnages de bibliothèque.

Une autre amie de Vieira da Silva et qui a exposé comme elle à la galerie Jeanne Bucher, Christine Boumeester (1904-1971) fréquente Hans Hartung dès son arrivéeà Paris et à son contact se tourne vers l’abstraction. Très proche de Francis Picabia, elle initie Nicolas de Staël à la peinture abstraite. Alain Resnais lui consacre un court-métrage en 1946 et Gaston Bachelard s’intéresse à ses paysages traduits non plus dans leurs apparences, mais au moyen d'une approche sensible.

Roberta GONZALEZ (1909-1976)
Sans titre (1961) 
Huile sur toile
34 x 24 cm

Christine Boumeester et son mari Henri Goetz fréquentaient le sculpteur espagnol Julio González. Sa fille Roberta González (1909-1976) fut la seconde femme de Hans Hartung. Roberta, influencée à la fois par son père et son mari, évolua entre les références à la réalité et les possibilités d’expression offertes par l’abstraction. Elle développa ainsi une œuvre personnelle dominée par des soleils flamboyants, des visages muets et sa passion pour les oiseaux, oeuvre malheureusement éclipsée par celle de ces deux immenses artistes que furent son père et son mari. Elle consacra beaucoup plus de temps à la reconnaissance de son père Julio et de son oncle Joan qu’à sa propre peinture.

Anna Eva Bergman (1907-1987) fut la première femme de Hans Hartung : ils se marièrent en 1929, ont divorcé en 1938, se sont retrouvés en 1952 et se sont remariés en 1957 après que Hans Hartung aura divorcé de Roberta et Anna Eva de son mari norvégien.

Anna Eva BERGMAN (1907-1987)
"N° 64-1968 - Terre, mer et ciel" (1968) 
Vinylique et feuille de métal sur toile
54 x 73 cm

Après son divorce d’avec Hans Hartung, Anna Eva est retournée en Norvège, son pays natal. Elle a connu des problèmes de santé et a très peu peint, se consacrant à l’illustration et au dessin. Elle adopte après la seconde guerre mondiale, un style abstrait dépouillé où se mêlent les tonalités sombres et le métal, or ou argent. Lydia Harambourg décrit parfaitement sa spécificité artistique liée à ses origines scandinaves : "Elle réalise une œuvre où les espaces imaginaires, glacés, visions d’icebergs et de fjords sont transcrits à partir de volumes aux arêtes découpées, avec une palette sombre ou claire, dont elle broie les couleurs, les oxydes (...). Une peinture pure, décantée dont le minimalisme invite à la méditation". Anna Eva Bergman a construit une œuvre abstraite, d’abord seule en Norvège, puis aux côtés de Hans Hartung. Ils formaient un véritable couple d’artistes se respectant mutuellement et ont réalisé chacun une œuvre forte, originale et indépendante. Par contre, il y a une grande différence quant à la façon dont leurs œuvres ont été reçues et appréciées par les historiens, les critiques d’art et les institutionnels de l’époque. Anna Eva a pâti d’être la femme d’un artiste de grande notoriété et cela a empêché la juste reconnaissance de son travail.

Difficile aussi de ne pas évoquer Janice Biala (1903-2000). D’origine polonaise, après un long séjour à Paris, elle part pour Etats-Unis où elle obtient la nationalité américaine. Parallèlement, son œuvre représente une assimilation réussie entre la Seconde École de Paris et l’Abstraction Expressionniste américaine qui a pris le relais à la fin des années 1950. Elle est aussi l’une des rares femmes de la New York School, comme quoi le "machisme" n’est pas un mal uniquement parisien.

En dehors des artistes citées précédemment, le visiteur pourra découvrir la serbe Zora Staack (1910-2001), élève d’André Lhote et de Fernand Léger, la russe Catherine Zoubtchenko (née en 1937) dont la rencontre avec André Lanskoy en 1958 fut déterminante, la tchèque Terry Haas (née en 1923) très proche d’Anna Eva Bergman qu’elle rencontra en Norvège, la canadienne Marcelle Ferron (1924-2001) qui s’est spécialisée dans l’art du vitrail, la roumaine Natalia Dumitresco (1915-1997), lauréate du prix Kandinsky en 1955, l’américaine Anna Shanon (née en 1916) et la bulgare Jeanne Coppel (1896-1971) qui toutes deux ont consacré une partie importante de leur œuvre au découpage et au collage, Enfin, la sculpture sera représentée par la suédoise Osa Sherdin (née en 1932) et la néerlandaise Marita Poest Clement (née en 1928).

Bravo et merci à ces deux pros pour avoir redonné une visibilité à ces artistes !

(1) 11 rue BOULARD, Paris (14e). Du 14 novembre au 15 décembre 2013.

samedi 16 novembre 2013

Noir c'est noir


Raymond GUERRIER (1920-2002)
"Paysage en noir" (1968)
Encre sur papier
60 x 68 cm

Basta RUELLAND ! Enfin façon de parler...

Place aux arts graphiques, avec l'un de mes achats du jour : une magnifique encre du peintre Raymond GUERRIER, l'un des meilleurs figuratifs de l'après-guerre, prix de la Jeune Peinture en 1953, coiffant au poteau Bernard BUFFET et Paul REBEYROLLES, excusez du peu !

"Raymond GUERRIER peint avec fièvre et patience, avec obstination et pudeur, avec force et tendresse, avec violence et gravité. Avec densité et exigence, il peint le poids exact, le poids cosmique des choses". Pierre-Jean VUILLEMIN

Notre homme est malheureusement au purgatoire, le marché de l'art préférant encenser des artistes alambiqués (restons polis), qui s'en donnent à coeur joie avec les "amateurs" achetant avec leurs oreilles. Ne t'inquiète pas Raymond, tu as encore des admirateurs et un jour tu remettras tous ces fumistes à leur place !

Fin du petit-coup-de-gueule, un tantinet réac j'en conviens.


Si vous voulez en savoir plus sur l'oeuvre de Raymond GUERRIER et de ses collègues figuratifs des années 50 bannis des cimaises officielles, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de cet ouvrage, véritable bible en deux très imposants volumes.

Notre homme a également fait un peu de céramique. J'ai retrouvé celle-ci sur le Net :


En voici le descriptif :

"Sculpture architecture en terre chamottée représentant une composition géométrique animée de volumes pleins, de volumes creusés en bassin et de volumes en découpe, rehauts de picots, émail blanc craquelé sur fond ocre. La composition est soclée sur une brique réfractaire. Signature émaillée "Guerrier". Haut. totale 64 cm - Larg. 55,5 cm - Prof. 15 cm".

Une très belle pièce vendue par TAJAN en 2012 lors de leur fameuse vente "Céramiques d'exception". Estimée 3 à 4.000 €, elle atteint 3.570 €. Beau résultat !

Dans la famille GUERRIER, il y a aussi :

- Francesca, son épouse, peintre et céramiste, formée par Guidette CARBONELL, bien connue des amateurs de céramique 50. Découvrez son travail en cliquant ici.

- et Françis, leur fils, sculpteur talenteux, comme vous pourrez le constater en allant faire un tour sur son site.

Bon, revenons à notre mouton. Où vais-je donc pouvoir accrocher "mon Raymond" ?

Un petit ménage mural s'imposera demain après-midi...

J'ai par contre très vite casé mes deux autres acquisitions du week-end : une belle aiguière de Marius BESSONNE et un joli vase "boule" de l'atelier MADOURA, qui a rejoint deux copines et de ce fait éjecté un petit groupe de RUELLAND (désolé ami Javier, ils ne sont pas à vendre ;-).

Excellent samedi donc, sous le beau soleil niçois, résumé en quelques photos :


- Balade sur la colline du Château, qui surplombe la superbe baie des Anges, de Nice au cap d'Antibes. Une vue à couper le souffle !


- Ça grimpe, ça grimpe, mais la vue est si belle de là-haut...


- La récompense ? La célèbre cascade du Château !


- On se croirait dans les îles, d'autant plus que le soleil et une température incroyable mi-novembre (22° C) étaient au rendez-vous.


- Descente bien plus facile et déambulation dans le vieux Nice. Ici le marché aux livres anciens de la place du Palais de Justice, d'où il est impossible de repartir bredouille...


- La superbe Chapelle Sainte-Croix, des scooters ; comme un petit air d'Italie...


- Les belles couleurs du vieux Nice.


- Arrivée dans le quartier Ségurane, celui des antiquaires :-). La dame est une héroïne niçoise qui vécut au XVIe siècle et s'illustra lors du siège de Nice, en 1543...


- La place GARIBALDI, l'une des plus belles de la ville, récemment rénovée et qui accueillait la brocante mensuelle.


- 18 h, on remballe ! Derniers instants sous les arcades illuminées.


- Bilan de la journée : une aiguière de Marius BESSONE, un MADOURA et une plaque émaillée de Charles SUCSAN, artiste canadien. Ce n'est pas un chef-d'oeuvre mais à 5 € je ne pouvais que l'acheter. J'en ferai bien quelque chose !


- Et bien sûr "mon Raymond", stocké à la cuisine en attendant son accrochage. Lourd et volumineux, il a attiré l'attention d'un amateur d'art alors que j'attendais mon bus. J'ai ainsi fait la connaissance de Philippe, SASSIER gérant d'Espace-Luxe, un concept store sur les univers du Luxe, du Vintage, de l'Art et du Design dans le quartier du port, avec qui j'ai fait le trajet de retour et ainsi terminé très agréablement la journée.


- Petit transfert temporaire sur le plan de travail (façon de parler). La famille ANASSE fait un peu la geule...


- Avant.


- Après ! M. et Mme MADOURA et leur fiston. C'est mieux :-).


- Les RUELLAND ont pris un peu de hauteur, sur mon ESU. En attendant...

vendredi 15 novembre 2013

Interlude (IV)

J. et D. RUELLAND, vase "Kobé" (circa 1980)

Ce superbe "Kobé" gris et rouge-cerise est l'une de mes céramiques préférées.

Il clôt la série "Interlude", mon nouveau Mac arrivant tout à l'heure :-).

Bon week-end !

jeudi 14 novembre 2013

Interlude (III)

Miss FERRARI

Un vrai bolide italien, cette céramique...

Forza RUELLAND !

mercredi 13 novembre 2013

Interlude (II)

"Pomme" et bouteille

Qu'est ce qu'il est difficile à reproduire ce satané violet !

Heureusement que Photoshop m'a donné un petit coup de main...

mardi 12 novembre 2013

Interlude

Nature morte "ruellande"

Cliché pris ce matin, au réveil, dédié aux nombreux ruellandophiles...

Billet intégralement réalisé sur mon iPhone !

lundi 11 novembre 2013

En panne :-(


Mon ordi ayant malheureusement rendu l'âme ce week-end, point de nouveau billet jusqu'à l'arrivée de son remplaçant, un superbe MacBook Air :-).

Reprise d'activité dans une dizaine de jours, si tout va bien !

PS à l'attention de mes collègues-chasseurs-de-céramique-50-sur-le-Net : pas de triomphalisme SVP, il me reste mon iPhone pour dégainer. Hé, hé, hé...