vendredi 27 février 2015

Voyage interstellaire...


... au fond d'une coupe en grès de 1970 signée Yves MOHY.

Faute de Tahiti cette année, je voyage autrement :-)...

Bon week-end !

mercredi 25 février 2015

Vase "à oreilles" de Mado JOLAIN

Mado JOLAIN (née en 1921)
Vase "à oreilles" (circa 1950)
H. 18 cm, Ø 12,5 cm

Les oeuvres de l'artiste exécutées dans les années 50 se caractérisent par une manière qui n'appartient vraiment qu'à elle d'intervenir sur des formes préalablement tournées en les déformant, les pinçant et les trouant. Ses élégants décors abstraits lyriques très personnels (lignes scarifiées, aplats, taches) appuient et accompagnent la forme de telle sorte que de subtils jeux d'ombre et de lumière puissent s'y épanouir.

Ce splendide petit vase "organique" en est un très bel exemple et l'une des plus belles pièces de Mado JOLAIN qu'il m'ait été donné de croiser ces derniers temps.


Il est monogrammé "MJ" en négatif dans un cartouche émaillé, sous la base (une petite "oeuvre" en soi), et en parfait état de conservation.

Provenance : galerie Pascal MARZIANO

Toutes mes excuses à Julia de L.A. pour avoir "préempté" la pièce. Désolé ! Cela ne se reproduira pas, d'autant plus que PM galeriste n'est pas très enchanté de vendre à quelqu'un qui le règlera à la... Saint-Glinglin :-).

Inv. PM MJ 4 i

mardi 24 février 2015

Lili ? Que nenni !


On rencontre de temps en temps de petites faïences utilitaires vraiment pas terribles signées "Lili" et faussement attribuées à... Lilette VALENTIN, l'épouse du célèbre céramiste vallaurien Gilbert VALENTIN.


Cette "Lili" n'a rien à voir avec ces dernières, d'autant plus que c'est une porcelaine, mais a pourtant été vendue comme "une Lili" et achetée par... bibi, qui savait bien sûr que la chose n'avait rien de vallaurien :-).

Il fallait en effet lire "Lèbe", car c'est une céramique de Pierre LÈBE, un artiste dont j'aime beaucoup le travail et que je "suis" attentivement.

Pierre LÈBE est né en 1929 à Tonneins (Lot-et-Garonne). Il a contribué à redonner un souffle nouveau à la céramique contemporaine avec d'autres sculpteurs aujourd'hui célèbres (DEBLANDER, JOULIA, MOHY et les LERAT).

De 1948 à 1953, il se forme à Paris, à l’École des métiers d’arts puis à l’École des arts décoratifs. Sous la houlette de son professeur Pierre FOUQUET, LÈBE se perfectionne dans les techniques de la céramique tandis que, parallèlement, il pratique assidûment le dessin d’après modèle et la sculpture. Cet enseignement complet lui semble nécessaire pour acquérir rapidement une parfaite maîtrise technique.

De retour dans le Lot-et-Garonne, en 1953, tandis que nombre de ses amis et condisciples, tels Elisabeth JOULIA, Monique LACROIX-MOHY et Yves MOHY, s’installent à La Borne, rejoignant les LERAT, Pierre LÈBE accepte, pour subvenir aux besoins de la famille qu’il vient de fonder, un poste de professeur de dessin au lycée de Villeneuve-sur-Lot. Ce travail lui laisse du temps pour se consacrer à son oeuvre de céramiste.

En 1970, il quitte l’Éducation nationale pour se consacrer pleinement à son projet artistique, à ses recherches menées dans de multiples directions grâce à sa maîtrise d’un grand nombre de techniques. Pour LÈBE, artiste protéiforme, la céramique, grès ou porcelaine, sera un moyen d’expression, au même titre que la sculpture, la peinture, le dessin et la tapisserie.

Source : donation Pierre LÈBE

Peu avant son décès, l'artiste a donné un très bel ensemble de 79 pièces (céramiques, tapisseries, sculptures et oeuvres sur papier) au musée des Beaux-Arts d'Agen, qui lui consacra une exposition assortie d'un catalogue que je vous conseille de lire si vous désirez en savoir plus sur son oeuvre.


A peine arrivé, ce matin, petit LÈBE a trouvé sa place à la maison, sur le "rayon des miniatures", entre deux ANASSE.

PS : en recherchant de la doc sur Pierre LÈBE sur le Net, je suis tombé sur cette photo :


Une vue générale de la salle qui lui est consacrée au musée des Beaux-Arts d'Agen.

Et là, "tilt" sur la pièce centrale, qui me fait aussitôt penser à ça :


Une lampe de table en grès dont je n'arrive pas à déchiffrer la signature et que je viens d'exhumer en toute hâte du dessous de mon "bureau".

Un LÈBE "ancien" (d'après l'électrification, la pièce date des années 50) ?

Ça se pourrait bien :-)...

lundi 23 février 2015

PICASSO à gogo


Une petite envie de PICASSO-MADOURA ?

Ça tombe bien car vous devriez logiquement trouver votre bonheur dans la très belle vente aux enchères du 18 mars prochain organisée par Sotheby's Londres.

Au menu : 146 oeuvres, dont quelques pièces majeures, comme le pichet tripode et le le pichet à glace illustrant ce billet, respectivement édités à 75 et 50 exemplaires.

Autres "belles pièces" (il y en a tant !) :


- Ce spectaculaire canard pique-fleurs de 1951, édité à 50 exemplaires.


- Un étonnant et superbe plat "Tête au masque" de 1956, produit à 200 exemplaires.


- Et ce vase-chouette, bien moins rare (500 pièces produites) mais qui me fait tant envie, d'autant plus qu'il date de 1968, mon année de naissance.


- Mais si j'en avais les moyens, c'est incontestablement ce délicieux "Joueur de diaule" que je m'offrirais, première oeuvre du maître à avoir été éditée, en 1947. L'atelier en produisit 200 pièces. Luxe, calme et volupté...

Il y en a pour tout les budgets, ou presque, de la petite assiette estimée un millier d'euros à notre tripode, pour lequel il faudra se délester d'au moins 70.000 € (hors frais :-) pour espérer le posséder.

Je "n'irai" pas, hélas, car fauché je suis :-(...

vendredi 20 février 2015

Interlude

Robert DEBLANDER (1924-2010)
Groupe de quatre vases-bouteilles
Grès ou porcelaine (1970-80)
H. 19 à 27 cm

Photographié ce matin sur mon ESU bien chargé :-).

Bon week-end !

jeudi 19 février 2015

Paire de vases "Châtaignes" d'Élisabeth JOULIA

Élisabeth JOULIA (1925-2003)
Paire de vases "Châtaignes" (circa 1960)
H. 11 et 18 cm

Installée à La Borne au début des années 50, Élisabeth JOULIA a "dynamité" la pratique du grès, matière austère et brute qui était jusque là confinée aux traditions populaires, créant des formes organiques modernes et sensuelles d'une grande beauté.

Les "Châtaignes" font incontestablement partie de ses plus belles réussites.

Les deux éléments sont signés "JOULIA" au stylet, sous leur base.
 
Provenance : ex collection Hélène VALENTIN (Savasse).

Hélène VALENTIN (1924-2010), talentueuse peintre abstraite, était une proche amie d'Élisabeth JOULIA, dont elle possédait un très bel ensemble d'oeuvres, acquises directement auprès de cette dernière ou offertes par l'artiste.

Inv. PM EJ 6a et 6b i

mardi 17 février 2015

The Jon STRYKER Collection

"Le" JOUVE de Jon STRYKER : 73 cm et... 234.845 €

Le 16 décembre dernier, Sotheby's dispersait la collection de l'architecte et philanthrope américain Jon STRYKER, contenue dans son magnifique appartement de Manhattan.

Une collection axée sur un fabuleux ensemble de chefs-d'oeuvre modernistes européens, incluant notamment un remarquable ensemble de céramiques française des années 50, JOUVE et CHAMBOST en tête, qui creva le plafond :-).

144 pièces estimées 4 millions de dollars et qui en firent plus de 7 au final, tant elles étaient désirables et formidablement bien mises en valeur.

Quelques exemples du côté des céramiques :


- Un "Oiseau" de JOUVE (1957). Estimé 28.000 à 36.000 €, il a "fait" un peu plus de 35.000 €, bien loin du grand vase illustrant ce billet, adjugé 234.845 €, l'un des plus gros prix en salle pour une céramique 50 !


- Ce superbe CHAMBOST "1045" vendu (seulement) 4.509 € (estimé 1.200 à 1.600 €) était incontestablement "la" bonne affaire de la vente ! J'aurais du y aller :-(.


- Quant à ce fameux "1044", qui fait rêver tout amateur de céramique 50 normalement constitué, il a "explosé", atteignant 55.000 €, alors que son estimation haute ne dépassait pas 9.000 €.


- Record du monde pour ce superbe vase "boule" d'André BAUD : 8.516 € ! Il était déjà très bien estimé (2.400 à 4.000 €) mais sa rareté, sa taille (45 cm de haut) et son superbe émaillage (ah, le noir...) ont excité les amateurs...

Allez donc feuilleter le catalogue pour rêver un peu ! C'est ICI.


JOUVE était décidément très prisé par nos amis américains en cette fin d'année puisque cette somptueuse paire de "galets" estimée 8 à 12.000 € et que je lorgnais fit près de 55.000 € le lendemain de la vente STRYKER, toujours chez Sotheby's. Gloups !

Bref, le marché de la céramique 50 haut de gamme se porte à merveille et ce n'est pas demain la veille que cela va changer tant l'offre en "belles pièces" s'est réduite et la demande  – émanant de SDF (1) chaque jour plus nombreux  – soutenue.

Bon courage, amis collectionneurs... à DF !

(1) Sans Difficultés Financières :-). Si l'immense majorité de ces derniers joue toujours à "Qui veut être le plus riche du cimetière ?" ou opte pour le "bling art" (Monaco et la Côte d'Azur constituent hélas un excellent vivier de ces deux espèces), quelques originaux se font plaisir intelligemment et il n'en faut pas plus pour doper un marché en pénurie...

lundi 16 février 2015

Céramiques 50 est aussi sur... Facebook


Nombre de lecteurs m'ayant fait part de leur souhait de suivre le blog sur Facebook, je me suis donc exécuté ce week-end (merci Syl pour le coup de main ;-).

Je patauge un peu dans la choucroute (le "système" est très PC et donc guère convivial pour le Macophile que je suis :-) et le flot d'infos à gérer, dont mes nouveaux "amis", m'effraye un peu. Pour l'instant, je ne suis pas vraiment emballé...

Si je m'en sors, vous devriez y retrouver tous les billets à venir ainsi que des "bonus", essentiellement sous la forme de photos.

A bientôt, juste à côté !

samedi 14 février 2015

Ma Valentine à moi...


... est signée SCHLEGEL.

Une jeunette de 33 ans, du style "Vahiné ? C'est gonflé !".

Pas très causante la miss, mais faute de grives :-)...

vendredi 13 février 2015

Belle prise (2)


La semaine s'achève comme elle a débuté : avec un... poisson, reçu ce matin :-).

Une belle taille (près de 40 cm !), un traitement original du sujet, de bien jolies couleurs, très Sud, une rareté certaine et un prix ridiculement bas (45 € aux enchères, aucune concurrence, merci aux "collectionneurs de noms"...) : tout ce que j'aime !


L'oeuvre est due au talent de Georges GOUZY, actif à Bormes-les-Mimosas et dont je vous ai déjà parlé. Notre homme y avait un atelier-galerie dans les années 50.

Cet exemple est la preuve qu'il est encore possible de collectionner la céramique des années 50 quand on dispose de moyens limités. Heureusement !

Certes, il faut pour cela cesser de rêver au JOUVE miraculeux (une pièce d'un grand, ça se paye toujours...), sortir des sentiers battus et s'intéresser aux "GOUZY". Le plaisir sera le même qu'avec les grands noms, vous ne vous ruinerez pas et, au bout du compte, ferez d'excellentes affaires car, avec le temps, petit "GOUZY" chiné pour pas grand'chose se sera largement apprécié. La roue tourne...

Sur ce, bon week-end et chinez bien !

PS : l'intérêt pour les artistes qui ne sont pas à la mode n'est pas un pis-aller, loin de là, et c'est avant tout la qualité de l'oeuvre qu'il faut privilégier plutôt que le nom, qualité qui est loin d'être l'apanage des quelques noms que tout le monde s'arrache et n'est heureusement pas synonyme de prix élevé, croyez-moi. Soyez cu-rieux...

mercredi 11 février 2015

Hors les murs (7)


Aujourd'hui, c'était au tour de cette très lointaine et bien rigolote cousine de miss Lulu, signée Jules AGARD, de me tenir compagnie au bureau.

Jules AGARD (1905-1986) fut l'un des plus talentueux tourneurs de Vallauris, à tel point qu'il fut mis au service de PICASSO dès l'arrivée de celui-ci à l'atelier MADOURA (1946) et cela jusqu'à son départ, en 1971. Les deux hommes collaborèrent étroitement, AGARD parvenant par sa virtuosité à créer toutes les formes que PICASSO imaginait.

Après le départ du maître, Jules AGARD se lança dans une production personnelle, créant notamment un remarquable ensemble de céramiques zoomorphes en terre rouge engobée, particulièrement original et qui aura un certain succès, mais il sombra par la suite dans la paranoïa et la folie. La faute à PICASSO, paraît-il. Pauvre Pablo !

Se plaisant bien devant mon Mac, elle devrait y rester quelque temps...

mardi 10 février 2015

Belle prise


Livrée hier matin par le facteur, mon meilleur ami du monde :-).

Rien de tel que l'arrivée d'une "petite nouvelle" pour évacuer une nuit de train épuisante, concluant comme d'habitude une énième et régénérante escapade parisienne, encore une fois riche en belles rencontres...

La coupe, car il s'agit bien d'une coupe, est l'oeuvre de Robert et Jean CLOUTIER et date de 1956, comme me l'a appris l'excellente monographie consacrée aux deux jumeaux récemment publiée par Patrick FAVARDIN (à lire impérativement ;-).

Voici celle que Patrick a reproduite dans son ouvrage, plus allongée me semble-t-il :


Elle est un peu plus petite que la mienne (34 cm contre 37), qui est vraiment magnifique, notamment par son très bel émail blanc, très gras et finement moucheté de particules noires ; un émail typiquement 50 !


Pour l'instant, ce beau poisson polynésien est dans ma cuisine, sur une petite table basse de Jacques LIGNIER, une zone réservée aux coupes, où il a remplacé un DERVAL.

Ma collection compte relativement peu de CLOUTIER (six pièces, si j'ai bien compté) et je rêve de dénicher un jour leur superbe vase "chouette" sur pied en fer forgé...

lundi 9 février 2015

Interlude


Un éclairage "zen" (merci A... ;-) et un bon verre : rien de tel pour se remettre d'une escapade parisienne menée tambour battant...

jeudi 5 février 2015

Boleslaw DANIKOWSKI

Boleslaw DANIKOWSKI (1928-1979)
Sculpture "Personnage" (circa 1975)
H. 38 cm

Il y a quelques mois, en surfant sur le Net, je suis tombé sur une étonnante sculpture en céramique et métal d'un artiste dont je n'avais jamais entendu parler. J'avais noté son nom dans un coin de cerveau, DANIKOWSKI, car c'était là l'oeuvre d'un authentique artiste, mais pas approfondi mes recherches, faute de temps...

Ayant eu l'occasion d'acquérir en fin d'année un autre DANIKOWSKI, celui qui illustre ce billet, j'ai bien sûr cherché à en savoir plus et suis alors très vite remonté au site qui lui est consacré par l'un de ses enfants, Jérôme, également sculpteur.

Boleslaw (Bolek) était particulièrement modeste (il se considérait avant tout comme un artisan) et adepte du "pour vivre heureux vivons cachés". Pas étonnant dans ces conditions que son oeuvre soit aujourd'hui plutôt confidentielle !

Je laisse le soin de nous en parler à son épouse Thérèse, ancienne institutrice :


Boleslaw DANIKOWSKI est né le 19 septembre 1928 à Thumeries, dans le département du Nord. Ses parents, petits fermiers en Pologne, avaient émigré en France quelques années auparavant. Il avait trois soeurs, nées en Pologne, et il est le premier garçon, suivi d'un frère (Evariste, mort à Dien Bien Phu en 1954) et d'une soeur.

Il passe son enfance dans un coron appartenant à la famille BÉGHIN, propriétaire de la sucrerie où travaillait son père.

Dans ce village, la communauté polonaise est importante et Bolek apprend le français à son entrée à l'école primaire. Il entre au cours complémentaire de Thumeries en 1939, à l'âge de 11 ans ; sa scolarité est troublée par la guerre. Son institutrice remarque ses dons pour le dessin et incite ses parents à l'envoyer à l'école des Beaux-Arts de Lille. A son entrée, il est le plus jeune élève. Il est pris en pension dans un café à La Madeleine, où il fait le ménage en échange d'une petite chambre. Chaque semaine, il repart dans sa famille à Thumeries, faisant le plus souvent le trajet d'une vingtaine de kilomètres à pied et revenant chargé d'un sac de pommes de terre pour se nourrir. C'est dans cette école qu'il rencontre Jean BRISY avec lequel il se lie d'amitié.

A la fin de la guerre, il est envoyé en stage et choisit d'aller chez un artisan potier à Paray-le-Monial. C'est là qu'il apprend à tourner et décide alors de s'orienter vers la céramique, abandonnant la peinture.

A son retour dans le Nord, il cherche un endroit pour travailler et s'installe quelques mois à Mons-en-Pévèle, dans un réduit prêté par le curé. Puis, avec Jean BRISY, il occupe les ruines de la faïencerie du Moulin des Loups, à Orchies. L'usine avait été bombardée mais dans les décombres il reste des pains de terre, des sacs d'émaux et un four en ruine. Ils obtiennent l'autorisation de s'y installer pour travailler. Bolek habite dans ces décombres tandis que BRISY vit à Lille et cherche des débouchés pour leurs céramiques. Au bout de quelques temps, l'usine est rasée pour laisser place à de nouvelles constructions : Bolek doit chercher un autre endroit pour vivre. C'est à cette époque, en 1953, que nous nous marions. Nous habitons alors à Coutiches, dans une ancienne ferme ; il installe son atelier dans les dépendances, construit un tour et un four avec une grande cheminée ; il y a alors beaucoup de casse parmi sa production à cause du four à bois et au coke, avec lequel la cuisson est difficile à contrôler.

En 1955, nous déménageons avec notre premier enfant à Aix-les-Orchies où j'ai été nommée institutrice. Bolek loue d'abord une grange dans une ferme, y installe son atelier et construit un four alimenté au propane, qui s'avère inutilisable. Il décide alors d'acheter un four électrique ; le branchement électrique étant très coûteux, il construit un cabanon en bois à proximité du transformateur et installe son four au fond du jardin de l'école où j'enseigne. Le four donne de bons résultats si bien que matériellement la vie devient plus facile. Nous achetons ensuite une vieille ferme juste en face du transformateur. Bolek construit un atelier avec l'aide d'un vieux paysan, puis quelques années après la très belle maison où nos quatre enfants grandiront.

Il achète par la suite un deuxième four électrique avec une capacité plus importante, fabrique un concasseur de terre, des bacs de décantation, car il prépare lui-même sa terre en mélangeant des argiles qu'il va acheter dans les tuileries de Gournay-en-Bray, en Normandie.

Sa notoriété et sa clientèle augmentent et, pendant des années, il produit et crée des milliers de carreaux décorés et de pièces décoratives de toutes sortes. Parmi ses commandes les plus importantes, il y a tout d'abord, en 1955, la décoration du hall d'accueil du casino de Saint-Amand-les-Eaux avec des grandes pièces de céramique (rois, reines, cavaliers...). Il réalise également de grands panneaux de lave émaillée pour le restaurant universitaire de Lille puis pour l'usine Nord Aviation à Meaulte. Mais la plus grande partie de sa production est liée à l'entreprise "Votre Maison" qui produisait des meubles de grande qualité. Décorateur issu de l'école Boule, Robert GUILLERME avait créé avec son associé Jacques CHAMBRON un style de mobilier original et de qualité, incluant de nombreuses céramiques : carreaux décorés, éclairages, pendules, poignées de portes, cabochons décoratifs... Cette collaboration durera de 1953 à 1979, de nombreux clients de Votre maison venaient à l'atelier acheter ou commander des sculptures ou des laves émaillées.

La réputation de Bolek était ainsi bien établie auprès d'une clientèle fidèle. Mais jamais il ne voulut participer à des concours ou des manifestations officielles. Il refusait de se mettre en avant et fuyait toute action de promotion ou de communication. Il ne se considérait pas comme un artiste (bien qu'à mon avis il en fût un grand !) mais comme un artisan. Toujours curieux et inventif, il cherchait constamment de nouvelles techniques, mêlant métal ou bois dans ses oeuvres.

Cette quête incessante l'a conduit dans les dix dernières années de sa vie à aborder un nouveau domaine, la photographie. Il avait installé son laboratoire de développement dans la cave : il y réalisait des tirages grand format de portraits, paysages ou compositions diverses, qu'il coloriait parfois avec des encres.

En novembre 1979 une crise cardique l'emporta brusquement.

Boleslaw DANIKOWSKI a fait l'objet d'un petit livre, paru en 2008 aux éditions Le livre d'art, où vous retrouverez ce texte et de superbes photos montrant toute l'étendue de son talent, dues à son petit-fils Jonathan.

Pour voir des oeuvres de l'artiste, c'est ici.

IMPORTANT : ses créations ne sont jamais signées ni datées, à l'exception de quelques oeuvres des années 50. En cas de doute, consultez Jérôme, qui vous dira si vous avez affaire à un DANIKOWSKI ou pas.

Et si vous désirez en savoir plus sur les éditions Votre Maison, allez donc faire un petit tour sur le blog de ce véritable passionné !

mercredi 4 février 2015

Wanted !


En ce moment et pour info, je recherche des oeuvres "cassées-collées" (1) du céramiste vallaurien Olivier ROY (1942-2014).

Tant que je suis dans les petites annonces, je cherche à développer la partie "grès" de ma collection et recherche donc des oeuvres de céramistes ayant travaillé à La Borne ou dans les environs : JOULIA, MOHY, DEBLANDER, LERAT, etc.

Je suis également preneur en toute quantité de chouettes du couple ANASSE, mais ça je suppose que vous le savez déjà :-).


Autre axe de recherche : les masques, comme ce SAGAN (très BD) reçu ce matin, lui aussi chouettophile puisqu'il en a une tatouée sur le front (je viens juste de m'en apercevoir :-).

A votre bon coeur, m'sieur dames !

(1) En photo : gros vase "boule" polychrome de 1985 (Ø 18 cm).

mardi 3 février 2015

"Chouette" de Michel et Nicole ANASSE (XVIII)

Michel (né en 1935) et Nicole (1937-2012) ANASSE
"Chouette" (circa 1981/84)
H. 37 cm, Ø 13,5 cm

La plus grande de mes chouettes "anassiennes" est la seule à ne pas vivre en meute, une chouette que ses petites copines vertes de jalousie devant tant de majesté ont bien vite surnommée "la reine mère" :-).

Une "reine mère" très impressionnante, fantômatique et nimbée d'un profond mystère, semblant surgir de je ne sais quelle antique civilisation disparue...

L'oeuvre, montée à la plaque et modelée, est d'autant plus intéressante qu'elle fait partie d'une petite série demeurée à l'état de biscuit (terre cuite non émaillée), cuit dans l'un des derniers fours à bois de l'atelier de La Frache (Alpes de Haute-Provence).


Elle est signée "Anasse" à l'arrière, qui comporte également deux larges orifices destinés à faciliter la combustion de la bougie que l'objet est censé accueillir, car c'est avant tout un majestueux photophore.

Provenance : collection privée (Vallauris).

Bibliographie : "Michel ANASSE Sculptures & Céramiques Pièces uniques 1960-1970", éditions galerie Thomas FRITSCH (2011), exemplaires appartenant à la même série reproduits p. 75.

Inv. PM MNA 18 i

lundi 2 février 2015

Un DERVAL "pas comme les autres"...


Les week-end se suivent et se ressemblent en ce moment.

Le samedi sur les routes (enfin les voies de chemin de fer :-) et le dimanche à la maison, ou pas très loin, histoire de me reposer un peu.

Samedi dernier, direction Marseille, histoire de prendre une bonne bouffée d'air de ma ville natale et y revoir des amis (Frédéric, céramiste et collectionneur, Isabelle (encore une :-) et Georges, artiste peintre, qui nous prépare une belle exposition de toiles sur la Polynésie) puis Villeneuve-lès-Avignon afin d'y récupérer deux très belles pyramides noires du couple RUELLAND. Ben oui, quand même...

 Quelques photos souvenirs :


- Ayant eu un peu de temps libre samedi matin, je suis passé repérer quelques bricoles signées du patron (JOUVE) à l'étude LECLERE, dont celle-ci.


- Et celle-là. Sniff, pas de suite, faute de sous, hélas...


- Les deux RUELLAND ramenés. Un pour Don SALLUSTE, l'autre pour sa galerie. Pas de jaloux. Ouf !


- J'avais aussi dans mes bagages ce miroir éclairant signé Frédéric...


- ... qui remplace celui-ci. Pas de panique, amis lecteurs qui lorgnez sur lui. Il est classé "inaliénable" et juste en en partance pour Pierre-de-Bresse. Il est très bien ton miroir, Fred, mais celui de Georges est quand même plus pratique pour se raser et son côté panoramique me manquera...


- J'ai beau vivre dans un endroit privilégié (ci-dessus, la baie de Villefranche-sur-Mer dimanche matin), il ne fait quand même pas très chaud le soir sur la Côte d'Azur.

Ayant sacrifié mon unique radiateur au profit d'une table basse de BLIN, faute de place, je me les gelais grave depuis quelques semaines. C'est fini ! Je revis depuis hier soir, grâce à l'ami Salva qui m'a offert un superbe et très efficace radiateur, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de celui du céramiste Jean DERVAL, récupéré dans l'atelier du Portail à Vallauris, que ses enfants ont malheureusement dû débarasser.

Difficile de trouver plus adéquat au lieu, n'est-ce pas ?

L'objet, typiquement 50, fait très envie au filles, stoïques sur le balcon. Courage les miss, plus que quelques semaines avant la vie de château, en Bresse :-).

Ainsi va la vie à Ceramic land...