mercredi 2 juillet 2014

Le Triptyque à l'honneur ce week-end à Paris


L’association des amis de l’Atelier Fance FRANCK – Francine DEL PIERRE nous convie à l’exposition "LES CÉRAMIQUES DU TRIPTYQUE A VALLAURIS 1948" (1).

Vous pourrez en outre assister à deux conférences très intéressantes :

- "A Vallauris, l’atelier du triptyque : de jeunes céramistes fascinés par PICASSO", par Antoinette HALLÉ, demain à 18 h.

- "Albert DIATO, céramiste et peintre", par Marie-Pascale SUHARD, dimanche à 16 h.

Je laisse Marie-Pascale SUHARD, co-commissaire de la manifestation et experte en céramique des années 50, nous présenter ce fameux Triptyque :

Peu après la deuxième guerre mondiale, l’art de la terre évolue en France de façon révolutionnaire et jette les bases de la céramique contemporaine. Avec Paris et La Borne, Vallauris contribue largement à cette nouvelle production grâce à l’arrivée de PICASSO et aux jeunes artistes qui viennent y travailler. 

L’effervescence créée autour du maître, qui manie l’argile depuis 1946 à l’atelier Madoura, attire quelques jeunes talents prêts à se lancer dans l’aventure de la terre. Certains sont autodidactes comme Francine DEL PIERRE, Albert DIATO et Gilbert PORTANIER qui fondent l’atelier du Triptyque en 1948. C’est un groupe de trois copains qui s’installe chemin du Fournas, dans des conditions très rudimentaires. Ils commencent par des pièces simples, s’essayent au tournage, au modelage et vont cuire leurs pièces dans un four à Golfe-Juan. Rapidement, leurs céramiques montent en puissance, expriment une vigueur nouvelle par rapport aux potiers vallauriens traditionnels. Ils créent des formes nouvelles, surprenantes, associent des décors pleins d’humour, décalés et originaux, font des essais d’émaux rugueux, brillants, mats, hauts en couleurs.

Jusqu’en 1952, le Triptyque participe aux expositions biannuelles du Nérolium comme beaucoup d’autres potiers, traditionnels ou avant-gardistes. C’est le lieu des confrontations où naît le style de l’Ecole de Vallauris : formes originales et dynamiques, couleurs gaies, vives et chatoyantes.

Après leur séparation en 1950, chacun de ces trois artistes poursuit une carrière internationale et leur œuvre évolue de façon très différente. La confrontation de ces trois parcours est mise en lumière pour la première fois dans une exposition rétrospective au sein de l’atelier de Francine DEL PIERRE conservé dans son état originel.


Francine DEL PIERRE (1917-1968) débute sa carrière comme journaliste. Par l’intermédiaire de son ami Pierre Boulez, elle rencontre Albert DIATO et commence la céramique avec lui. Après leur séparation, en 1954, elle travaille à Paris, ouvre un atelier rue Bonaparte en 1960 et poursuit une belle carrière internationale, exposant aux côtés de Bernard LEACH et de Shoji HAMADA. Ses œuvres, très poétiques, sont toutes modelées et présentent de légers décors floraux ou abstraits sur un fond uni aux tonalités assourdies de brun ou beige, tirant quelques fois vers le bleu.

Le musée de Sèvres lui rend hommage l’année de sa mort et sa monographie paraît en 2004 aux éditions Norma : Francine DEL PIERRE. Fance FRANCK. Dialogue de céramistes, par Antoine GOURNAY et Pierre STAUDENMEYER.


Albert DIATO (1927-1985), artiste monégasque, veut d’abord être poète et c’est en allant interviewer PICASSO à Vallauris qu’il se met avec passion à la céramique. Après l’expérience du Triptyque, il poursuit une carrière internationale en Angleterre, Italie, Allemagne et Suisse. Au début des années 60, il évolue vers la peinture qu’il expose dans ces mêmes pays. Après trois années passées en Afghanistan en tant qu’expert céramiste, il revient à Paris et relance sa production céramique. Ses pièces sont originales, fortes, quelques fois spectaculaires et souvent sculpturales. Beaucoup de scarifications et des recherches d’émaux naturels qui le mettent à part dans le monde de la céramique des années cinquante.

Une grande rétrospective de son œuvre a été présentée à Monaco l’été dernier correspondant à la sortie de sa monographie : Albert DIATO, céramiste et peintre par Marie-Pascale SUHARD (éditions Norma).


Gilbert PORTANIER (né en 1926) est un ami d’enfance de DIATO, et c’est avec lui qu’il part à Paris après son Bac pour suivre les cours des Beaux-arts. Il veut être peintre, mais, découvrant la terre, il s’engage dans une carrière où peinture et sculpture s’intègrent à la céramique de façon originale, créant un style éblouissant. Il produit également, dès 1964, des pièces d’éditions avec le porcelainier allemand ROSENTHAL.

En 1998, le musée de Sèvres présente un rétrospective de son œuvre, accompagnée par l’ouvrage d’Antoinette FAŸ-HALLÉ : PORTANIER, un magicien des couleurs. Gilbert PORTANIER expose régulièrement dans toute l’Europe et travaille encore actuellement à Vallauris.


Cette exposition a lieu en même temps que la 17e édition des Journées de la Céramique, juste à côté (place Saint-Sulpice).

Bref, une double occasion de passer un agréable week-end dans la capitale !

(1) Du jeudi 3 au dimanche 6 juillet, de 10 h  à 20 h, atelier Fance FRANCK, 47 rue BONAPARTE, 75006 PARIS (code 4581 - Interphone "Fance FRANCK - Jean d'ALBIS").

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