vendredi 3 octobre 2014

Jean MÉGARD, artiste "discret" du XXème siècle

Jean MÉGARD (né en 1925)
Pied de lampe (1952)
H. 30 cm

L'acquisition récente de cette belle pièce de Jean MÉGARD me donne enfin l'occasion de vous parler de cet artiste qui a tout fait pour ne pas être connu, dixit Emmanuelle LE HOANGAN, de la galerie ARTOCARPUS, qui défend son oeuvre depuis deux ans.

Jean MÉGARD est né le 27 mars 1925 à Nantua. Il a donc bientôt 90 ans et se porte à merveille, poursuivant sans relâche son oeuvre peint.

Après des études secondaires et supérieures à Lyon, il "monte" à Paris pour y suivre les cours des Beaux-arts (de 1947 à 1951), en architecture puis en dessin, sous la conduite du sculpteur LAGRIFFOUL (le papa de la Marianne illustrant nos anciennes pièces de 5, 10 et 20 centimes de franc). Il fréquente également à la même période l'Académie de la Grande Chaumière et les "cours Roger" puis, successivement, les ateliers des peintres Léopold KRETZ, Ossip ZADKINE et Édouard GOERG.

Il installe son premier atelier en 1951, rue de Verneuil à Paris, et participe au mouvement non-figuratif, alors en plein essor.

Ami de l'architecte et sculpteur André BLOC, il adhère en 1952 au groupe Espace, créé un an plus tôt par ce dernier, association dont le but est de rapprocher et réaliser une synthèse entre art et architecture. Le groupe Espace défend en effet "un Art non figuratif qui s’inscrit dans l’Espace réel, répond aux nécessités fonctionnelles et aux besoins de l’homme, des plus simples aux plus élevés".

En 1952, Jean MÉGARD décide de faire de la céramique et se forme à la technique dans l'atelier de Jean et Jo AMADO, à Aix-en-Provence.

Grand vase (circa 1954)

Il installe son propre atelier dans la foulée à Biot, qu'il quittera en 1958 pour se consacrer presque exclusivement à la peinture et à la sculpture.

Grande coupe (circa 1955)

Il n'a donc fait de la céramique que pendant sept petites années, d'où la rareté de ses oeuvres sur le marché actuel et ce d'autant plus qu'il a travaillé seul et quitté Biot en détruisant tout le fonds de son atelier.

Sculpture murale de 1953. NB : Gonzo n'en fait pas partie :-) 

Une céramique qui n'appartient qu'à lui et que l'on reconnaît au premier coup d'oeil par les couleurs vives et généralement primaires de son décor abstrait, sa force et sa grande modernité. Une céramique qui n'a pas pris une ride, à tel point qu'elle semble avoir été été cuite hier...


Les pièces produites sont pour la plupart signées, situées et datées. Ah si tous nos amis céramistes en avaient fait de même !

En 1953, il expose seul à la galerie MAI et avec ses consoeurs Élisabeth JOULIA et Valentine SCHLEGEL à la galerie La Roue.

En 1954, il participe à une exposition du groupe Espace à Biot.

En 1955, il expose place des Arcades à Biot et au château Grimaldi à Antibes.

Ses activités au sein du groupe Espace le conduiront plus d'une fois à concevoir de la céramique architecturale. Il obtiendra ainsi une médaille d'argent à la dixième Triennale de Milan pour une céramique monumentale intégrée à la maison expérimentale du grand achitecte brutaliste italien Vittorio VIGANO.

Durant la période 1952-58, il n'abandonne pas pour autant la peinture, exposant dans de nombreux salons parisiens, en compagnie des grand abstraits de l'époque.

Fin 1958, il quitte Biot pour Puyricard, à côté d'Aix-en-Provence, pour ne faire quasiment que de la peinture et de la sculpture, participant à divers salons parisiens, tels celui de Mai et de la Jeune Sculpture.

Il n'abandonne pas pour autant la céramique mais se consacre uniquement à des projets architecturaux : groupe scolaire à Sarcelles (1971), haut-relief pour l'entrée d'un immeuble à la Défense (1976), etc.


En 1968, il donne un gros coup de main à son ami Pierre SOULAGES pour un panneau mural, installé dans le hall du One Oliver Plazza à Pittsburgh (Pennsylvanie). Ce bulding ayant récemment été détruit, l'oeuvre a heureusement été transférée dans la "Soulages Gallery" du Butler Institute of Art de Youngstown, dans l'Ohio.

En 1977 il expose ses fameux et superbes bronzes polis à l'American Center for Students and Artists, boulevard Raspail, à Paris.

Dans les années 80, il est exposé et défendu par la galerie de la Prévôté, à Aix-en-Provence. Leur collaboration durera jusqu'en 2002.


Des toiles de grand format, hautes en couleurs, très construites et riches d'une matière proche de l'émail, où l'on retrouve la patte du céramiste. Celle-ci fait mon bonheur au quotidien et je rêve de lui trouver une petite soeur...

En 1999, il créé le nouveau mobilier liturgique de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence, en bronze doré ou poli et divers autres matériaux sculptés.

En 1990, il a enfin une grand exposition de son oeuvre peint à la Fondation VASARELY.

Jean MÉGARD est aujourd'hui oublié car bien trop discret ou mal défendu, comme tant d'autres bons artistes ayant eu leur heure de gloire dans les années 50 à 70.

Les collectionneurs actuels et encore plus le grand public ne connaissent donc que très peu son oeuvre.

Espérons que la galerie ARTOCARPUS qui le défend à présent parvienne à lui donner enfin la place qu'il mérite...


En bonus : l'artiste nous parlant de son travail dans son atelier aixois. Un régal !

1 commentaire:

  1. Merci pour ces infos précieuses à mes yeux et à tous les amoureux de céramiques
    comme toi et nous autres.

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