lundi 19 novembre 2012

Royal !


Le hasard a fait que mon escapade de ce week-end prolongé (fête nationale monégasque oblige :-) se soit largement déroulée à Lyon où un splendide miroir "Soleil" de JOUVE en céramique émaillée blanche et craquelée était le lot vedette de la vente aux enchères de la SVV DE BAECQUE, samedi après-midi. Une pièce majeure, très imposante avec ses 55 cm de diamètre et inédite sur le marché. Ridiculement estimée 5 à 6.000 €, elle a "fait" 25.500 € après une belle bataille d'enchères, soit un peu plus de 30.000 € avec les frais. Très bel achat, que l'acquéreur soit un particulier (sniff, ce n'est pas moi) ou un professionnel, la pièce valant largement plus.


Cette rareté doit être assez ancienne - circa 1945 ? - du fait de sa signature inhabituelle, "Apollon", surnom donné à l'artiste par ses camarades admiratifs de l'école Boulle.

J'étais en effet invité par un fort sympathique "collègue" lyonnais, Clément, et son amie Laurence, qui nous mitonna un excellent dîner afin de nous remettre de nos émotions après cette vente (précédée d'une ballade rue Auguste COMTE, "la" rue lyonnaise des galeries d'art et de design) et nous nous donner des forces pour la chine du lendemain, aux Puces du Canal. La soirée fut très agréable et bien sûr consacrée à la céramique, l'art, la collection (la charmante Laurence tenta vainement de nous "analyser" ;-) et pour finir à la Polynésie, histoire de s'évader un peu...

Malgré un lever bien matinal et une chine attentive, aucune céramique valable à se mettre sous la dent aux Puces. Quelques pauvres PICAULT, une table modèle "Herbier" de CAPRON et deux ACCOLAY typiques, c'est à dire vraiment pas terribles. Bref, ce que l'on appelle un jour sans !

Après un autre bon repas (merci Laurence ;-), direction le musée des Beaux-arts pour y admirer les SOULAGES de l'exposition "SOULAGES XXIe siècle". Belle exposition, sans surprise, connaissant bien l'oeuvre de l'artiste. J'ai en revanche été ébloui par la qualité des oeuvres permanentes du musée - ah le GAUGUIN ! - et notamment celles léguées par Jacqueline DELUBAC, sublime actrice et grande collectionneuse, qui à elles seules valent le détour. Un PICASSO comme j'en ai rarement vu, deux gigantesques BACON, un superbe HARTUNG (ci-dessous), un MATISSE flamboyant, etc. Beaucoup de goût, de l'argent (elle épousa un riche diamantaire en secondes noces, après avoir vécu avec Sacha GUITRY), pas étonnant dans ces conditions. Des étoiles plein les yeux, Clément me fit ensuite découvrir le vieux Lyon, au pas de charge car l'heure du départ approchait hélas. J'avais un a priori négatif sur cette ville. Il s'est envolé. Je reviendrai...

Hans HARTUNG (1904-1989)
T 1955-33
 Huile sur toile (1955) 
H. 92 cm, l. 61 cm

Ce matin, 0 H 30, déballage du "souvenir de Lyon" :
un chef-d'oeuvre d'Alice COLONIEU. 
Merci Clément !

A propos de COLONIEU, ses pièces sont généralement signées à l'aide d'un cachet en creux difficile à lire. Etant récemment tombé sur une étiquette dorée du même modèle, qu'elle utilisait également en guise de signature, je vous en fait profiter :


Un cachet/étiquette ressemblant à un ex libris : un bateau, une île, une croix. Aimait-elle les îles ? Tahiti :-) ? Mystère ! L'oeuvre et la vie d'Alice COLONIEU sont hélas bien peu documentés...

J'étais encore "en vadrouille" hier, à Nice le matin et à Vallauris l'après-midi.

Nice pour la traditionnelle brocante du lundi au Cours Saleya. J'y avais rendez-vous avec mes amis Salvatore PARISI, talentueux céramiste, connu comme le loup blanc sur la place, et Jean-François DODIT, antiquaire, en vacances. Aucune céramique à me mettre sous la dent, hélas. Il faut dire que malgré un réveil encore bien matinal, je suis arrivé après Yves PELTIER, l'un de mes plus dangereux concurrents ;-), d'autant plus que son savoir céramique est véritablement encyclopédique. Aucun regret car lui aussi est revenu bredouille. Après avoir discuté de nos dernières acquisitions, nous avons fait le même constat : la belle céramique 50 se fait vraiment de plus en plus rare...

Vallauris pour y rencontrer en début d'après-midi le céramiste Marc ALBERGHINA, dont j'ai récemment découvert le travail galerie HELENBECK, à Nice. Ayant été séduit par l'originalité et la qualité des oeuvres exposées, il me fallait impérativement faire sa connaissance, d'autant plus qu'Yves m'avait loué ses qualités humaines.

Ayant un peu d'avance, je me suis baladé en ville. Une ville-dortoir de plus en plus déprimante, où la céramique ne semble hélas plus avoir sa place. Je n'ai pu qu'être effaré devant la destruction en cours de la mythique galerie Les Archanges, fondée par Gilbert VALENTIN et fréquentée par tant de grands artistes (PICASSO, COCTEAU, etc.), bientôt remplacée par une résidence sans âme :


Les lettres ont été récupérées...

Pauvre arbre !

C'est bientôt fini...

Triste, très triste !

Ce superbe lieu aurait pu faire une remarquable résidence d'artistes ou un magnifique centre culturel consacré à la céramique vallaurienne si les politiques locaux avaient été plus éclairés et surtout moins cupides.

Je n'oublierai pas ma première rencontre avec Marc ALBERGHINA, d'une part parce que l'homme était tel qu'Yves me l'avait décrit : très intéressant (je reviendrai plus tard sur son travail) et fort sympathique, d'autre part car nous sommes allés sauver ce qui pouvait encore l'être à la galerie Les Archanges ! L'un de ses amis l'ayant prévenu qu'un bulldozer allait la raser le lendemain et qu'il restait encore beaucoup de choses à l'intérieur, nous sommes en effet allés explorer le lieu et ainsi récupéré quantité d'émaux anciens (très intéressants pour Marc, dans le cadre de son travail centré sur Vallauris), du mobilier, de vieux catalogues... et pris de nombreuses photos.

La superbe glycine n'en a plus que pour quelques heures

En haut le très vaste atelier, en bas les pièces à vivre

Des dizaines de kilos d'émaux (ici les échantillons)

L'évier de l'atelier, joliment décoré

L'immense four à bois, étonnamment à l'étage

Triste moment : l'apparition d'un dessin mural sous la lampe torche,
la nuit étant très vite tombée. Il y en avait d'autres, hélas...

Céramic JONES en pleine action...

Hélas, après deux heures de travail, nous avons du tout abandonner sur place suite à l'arrivée inopinée (?) et au veto de Flore VALENTIN, fille de l'artiste, en pleine crise de nerfs (compréhensible), qui a préféré que ce formidable ensemble soit détruit plutôt que sauvé. Un terrible gâchis...

C'est bien fatigué et surtout très attristé par l'épilogue de notre aventure que j'ai quitté l'ex cité de la céramique et ainsi achevé mon escapade.

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