Jacques et Dani RUELLAND Bouteille "épaulée" (circa 1960) H. 22 cm |
Les céramiques "50" se rencontrent rarement dans un état irréprochable. Elles ont en effet "vécu". Utilisées (vases et des vides poches, notamment), déplacées, déménagées, plus ou moins minutieusement, elles présentent souvent des usures et défauts, plus ou moins marqués (rayures, éclats, manques, etc.), qui influent grandement sur leur valeur commerciale.
Personnellement, si ces imperfections sont mineures, elles ne me gênent pas trop. Comme tout le monde, je préfère les pièces parfaites. Il faut cependant savoir raison garder - qui arrive, en effet, à un âge avancé sans la moindre ridule ? - et parfois mettre de l'eau dans son vin, surtout si l'on a affaire à une pièce rare, que l'on n'est pas prêt de revoir sur le marché. Un petit défaut peut également permettre à un amateur aux moyens modestes de s'offrir une "belle pièce" qui sans cela lui aurait été inaccessible.
Ce que je n'aime pas du tout, en revanche, ce sont les pièces qui ont fait un tour par la case "chirurgie esthétique". En d'autres termes "restaurées", même si, là aussi, il y a restauration et restauration : si on peut tolérer un petit éclat rebouché (personnellement, je l'aurais laissé "dans son jus"), un objet au col cassé et recollé puis artistiquement "maquillé" est à fuir, à moins qu'il ne s'agisse, bien sûr, d'une pièce unique ou rarissime ; et encore...
Restauration esthétique ou, plutôt, commerciale, et donc, le plus souvent, destinée à tromper ?
Quoi qu'il en soit, il est inadmissible qu'une restauration ne soit pas signalée par un vendeur au courant, surtout si ce dernier est un professionnel, qui se doit de connaître ce qu'il vend ! On frise alors l'escroquerie. Trop de vendeurs "oublient" également de signaler les imperfections de leurs objets ; c'est particulièrement contrariant lorsque l'on reçoit ces derniers, alors que l'on s'attend à la perfection annoncée ! Il ne faut alors pas hésiter à retourner l'objet ou à négocier son prix à la baisse.
La personne m'ayant vendu la très belle bouteille turquoise des époux RUELLAND illustrant cet article était, quant à elle, de bonne foi puisqu'elle n'avait pas décelé la restauration au niveau du col. Il faut dire, à sa décharge, qu'elle est de très grande qualité - c'est rare ! - et donc quasiment "invisible" *. J'ai décidé de ne pas la conserver. Elle fera sans doute le bonheur d'un amateur moins difficile. Espérons simplement que ce dernier ait bien été informé de son état de conservation réel...
* Il existe un petit test simple pour déceler les restaurations majeures. Une céramique, vous l'aurez remarqué, c'est FROID. Palpez soigneusement l'objet à tester : s'il est uniformément froid, il a toutes les chances d'être "bon". Si, par contre, vous décelez un endroit CHAUD (en fait moins froid que le reste de l'objet !), aïe, aïe, aïe... C'est en effet, hélas !, le signe d'un truquage, la restauration ayant été réalisée avec des matériaux qui réagissent différemment du reste de la pièce au toucher, car non originaux. Vos yeux, aidés d'une bonne loupe, confirmeront alors votre diagnostic. Bonne expertise de votre collection ;-) !
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