Grand vide poche en céramique émaillée (circa 1957)
Fond mat à motifs brillants (blanc et orange) et mat (noir)
L. circa 20 cm, h. 2 cm (ex collection personnelle (1)
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Peter ORLANDO est un peintre et céramiste d'origine nord-américaine.
Il est né à Orange (New Jersey), dans la banlieue ouest de New York, le 3 novembre 1921. Sa famille est d'origine napolitaine, ses parents ayant émigré aux États-Unis avant la première guerre mondiale. Très tôt orphelin de mère, il doit travailler en usine afin d'aider son père à élever ses trois enfants. Dessinant depuis toujours, il décide courageusement, à 16 ans, de suivre les cours du soir de l'Academy of Arts de Newark (New Jersey). Il y apprend à dessiner jusqu'à sa mobilisation, en 1942.
Il participe au débarquement à Omaha Beach, aux batailles de Saint-Mère-l'Église et de Valognes ainsi qu'à la libération de Paris, où il rencontrera Denise DELGOULET (née en 1921), assistante d'un décorateur, qui deviendra sa femme en 1946.
Après la guerre, le couple part aux États-Unis afin que Peter y termine ses études. Ils n'y resteront que deux ans, son professeur de dessin lui conseillant de poursuivre ses études à Paris, plus propice aux arts. Il y parviendra grâce à une bourse. C'est dans l'atelier de Maurice BRIANCHON (1899-1979), un des maîtres du groupe des peintres de la "Réalité Poétique", que Peter poursuivra son apprentissage.
1950. Plus de bourse. Le couple décide de se fixer à Paris et de se mettre à la céramique. Peter devient stagiaire à la Manufacture nationale de Sèvres. Durant deux ans il y passera ses après-midi, ses matinées étant consacrée à la peinture.
En 1952, les ORLANDO ouvrent leur atelier, au 16 rue Beaudant, dans le 17e. Ils y produiront de la céramique jusqu'en 1968. Parallèlement, Peter continue de peindre (il s'y consacrera à plein temps après la fermeture de l'atelier).
L’époque est à la liberté des formes. Il s’agit de s’affranchir de la tradition, par l’exubérance des formes, des décors, où les motifs abstraits prédominent. C’est l’époque où l’on déstructure l’objet traditionnel. ORLANDO s’affranchit de l’assiette ronde, du vase tourné, cylindrique ou pansu, et opte pour le triangle, l'ovale, etc. Les motifs sont créés par Peter ou par son épouse, le couple travaillant à deux mains. Le décor fait appel à des émaux qui vont réagir entre eux, fusionner, ou, au contraire, séparés et posés avec soin. Le décor dominant est un tracé intuitivement inspiré et totalement abstrait. Les émaux utilisés (principalement de couleur blanche, orange et noire), intenses et le plus souvent brillants, illuminent un fond très soigné, généralement blanc laiteux et mat mais aussi noir ou gris "granité".
Dans le couple, c'est Peter qui s'occupe de la forme, à partir d'un dessin préparatoire. Lorsqu’il est satisfait, il façonne un modèle en argile, qu’il confie ensuite à un artisan mouleur. Au retour du moule dans son atelier, Peter coule une pâte fluide dont il a mis au point la composition après de nombreux essais.
La grande fierté de Peter ORLANDO a très vite été celle d’avoir mis au point une pâte permettant d'obtenir une de faïence à la fois solide et légère - "secret" bien gardé, alchimie d'une terre de bonne qualité et d’additifs choisis ! - capable de subir l’épreuve de la cuisson sans altération. A Sèvres et chez un potier de banlieue parisienne, Peter a appris à garnir un four et tirer le meilleur profit de la chaleur produite dans son enceinte. Les pertes sont donc rares ; cela permet d’investir dans la seconde phase importante, celle de l’émaillage. Les produits choisis étant de qualité, ils sont en effet onéreux (ils viennent le plus souvent des Pays-Bas ou d’Allemagne).
Après séchage et démoulage, il faut réaliser une première cuisson, celle de l’objet de terre. Curiosité de langage de potier, on dira que sort du four un "biscuit" qui en réalité n’aura alors cuit... qu’une fois !, la seconde venant après la pose de l’émail.
Au début de sa production, Peter exécute souvent le décor. Le fond est projeté au pistolet, les motifs ayant été réservés par des masques collés. Une fois ôtés, les zones vierges seront remplies d'émail à la brosse. Très tôt, Denise interviendra aussi, principalement pour l'incision des motifs. Avec une grande liberté, elle crée de merveilleux décors abstraits - elle s'inspire quelque peu de MIRO - qui épousent ou rehaussent parfaitement les formes inventées par son mari. L'abstraction de Peter est plus géométrique et plus acérée que celle de Denise. Quelquefois ils se contentent d'une simple intervention - délicate car sans repentir possible ! - à la pointe ou au crayon d'oxyde, générant un décor très dépouillé et fort élégant.
Chez les ORLANDO, forme peu conventionnelle et dessin non figuratif se marient admirablement. La majeure partie de la production sera de cette veine. Mais comme il faut bien vivre et que l'abstraction rebute bien des clients, ils optent aussi pour des fleurs stylisées, parfois animées de l’expression d’un visage, dessinées sur des fonds marron ou brique, plus commerciaux. Les dernières années, de 1966 à 1968, verront une production "sage" de pots et vases cylindriques ou cubiques, de couleurs unies, nouvelles et vives, à l'image de celles de Georges JOUVE. Ce fût un dernier sursaut de création, plus populaire, avant la fermeture de l'atelier.
Pendant une quinzaine d'année, les ORLANDO produiront une grande variété d'objets (coupelles, vides poches, services de table, lampes, stabiles etc.), en petite quantité, n'ayant jamais employé qu'une ou deux "petites mains" à l'atelier. Ils sont généralement signés "P. Orlando", "D. Orlando" ou le plus souvent "Orla", leur marque commerciale, qu'ils diffuseront dans divers magasins, à Paris mais aussi en province (Strasbourg, Vallauris, Rouen et Avignon).
Peter et Denise ORLANDO |
Peter ORLANDO est décédé à Saint-Céré, le 29 novembre 2009.
J'aime beaucoup le travail de ce couple très attachant ; il n'est pas facile à dénicher, leur production ayant été relativement limitée.
J'aime beaucoup le travail de ce couple très attachant ; il n'est pas facile à dénicher, leur production ayant été relativement limitée.
Bibliographie :
- "ORLANDO, Peter et Denise", par Marie-Pascale HUARD (édition Association ORLANDO, 2007).
- "Céramiques d'exception", par Philippe J. GRAZIANO (in texte introductif de l'exposition consacrée au couple en juin 2010, à l'Espace Culturel ORLANDO de Saint-Jean-Lespinasse ; mon texte en est largement inspiré).
(1) Inv. ex PM PDO 1A (vendue le 25 avril 2012 ; à présent col. MP, Suisse)
(1) Inv. ex PM PDO 1A (vendue le 25 avril 2012 ; à présent col. MP, Suisse)
Pascal, je crois bien avoir négligé de vous faire commentaire sur votre blog. Merci de contribuer à diffuser les infos sur Orlando. Je vois que mes textes sont largement à l'honneur (vous citez votre source, merci). Pour les étés 2012 et 2013, à l'Espace Orlando, les peintures seront sujets principaux. Fleurs en 2012 et paysages en 2013. Au plaisir de vous revoir. Philippe J. Graziano
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