dimanche 23 février 2014

Il faut sauver le collectionneur Pascal !


J'ai rarement été aussi heureux que ce week-end, et pour quelqu'un qui a été au fond du gouffre il y a quelques années, c'est on ne peut plus réjouissant.

Désolé si quelquefois mes billets ont un côté un peu trop personnel mais c'est important pour moi, d'une part car ce blog est également un journal (je pense à l'avenir et au plaisir que j'éprouverai en relisant mes "aventures" quand je serai bien vieux (1) et d'autre part car je suis persuadé que le bonheur est contagieux.

Tout d'abord, pourquoi ce titre ? Parce que, encore une fois, j'ai été fou ! Je n'ai plus un radis, ma carte bancaire à débit différé est chargée à bloc, la fin du mois est proche et... je rentre tout juste de Marseille lesté d'une superbe "tortue" de Michel ANASSE que je n'aurai manquée pour rien au monde, et surtout pas faute d'argent. Mais à priori ce n'est pas grave car comme le dit le grand collectionneur d'Art déco Félix MARCILHAC dans le dernier numéro d'AD, que j'ai dévoré tout à l'heure dans le train du retour : Lorsque l'on rencontre un objet, même si l'on n'a pas d'argent, il faut l'acquérir : l'argent on finit toujours par se le procurer ; l'objet, lui, ne reviendra pas. Oui Maître ! Enfin, j'espère...

Il n'est pas un appel à un(e) quelconque mécène (quoi que ;-) mais à ma "bonne étoile", qui jusqu'à présent m'a toujours sauvé du couperet bancaire.

Bon, trève de plaisanterie et retour à nos moutons et donc à ce fameux week-end, qui m'aura successivement conduit à Nice, Biot, Cannes et enfin Marseille.

***

NICE

C'est là que mon beau week-end a débuté, vers 8 h, place GARIBALDI, où se tenait la traditionnelle brocante mensuelle. Rien de génial, encore une fois. J'ai néanmoins eu le plaisir d'y flâner au soleil et d'y rencontrer quelques collègues, dont Yves PELTIER (lui aussi bredouille), en attendant il maestro Salvatore (PARISI, pour les petits nouveaux ;-) et sa chère Marie-Jeanne, qui m'ont rejoint vers 10 h pour la suite du programme : une balade à Biot.

***

BIOT

J'ai vraiment toujours beaucoup de plaisir à revenir dans ce charmant petit village, l'un des plus authentiques de la région, d'autant plus qu'il y faisait un temps magnifique.


Salvatore désirant faire expertiser pour le compte de l'un de ses amis un petit bas-relief de Fernand LÉGER (à droite), nous sommes allés voir pour cela Mme Laurence BRICE, belle-fille du céramiste Roland BRICE, qui a été le praticien du célèbre peintre, tout en poursuivant une oeuvre plus personnelle, aidé par son fils Claude. L'oeuvre ne s'est hélas pas révélée authentique, s'agissant d'un surmoulage d'une épreuve originale (le tirage, élevé, en compte 1.000) et non, comme on aurait pu le penser, d'une épreuve d'essai (les dimensions sont différentes). Pas étonnant outre mesure car l'oeuvre du maître regorge de faux, dans tous les domaines (dessins, peintures, céramiques). Prudence donc !

Aux dernières nouvelles (23 mars 2014), l'oeuvre ne serait pas fausse. A suivre...


Une belle rencontre, dans une maison chargée de souvenirs, comme cette photo prise à Vallauris (?) : Roland BRICE soulève une charette "contenant" le poète André VERDET et Nadia LÉGER, épouse de Fernand LÉGER (au premier plan, à droite). PICASSO y est vraiment très cool, comme d'habitude. Je n'ai par contre pas identifié le personnage figurant derrière BRICE.

26.2.14 : il s'agit de Georges BAUQUIER, artiste peintre, ami et assistant de LÉGER, qui participa à la construction du musée LÉGER de Biot et en fut le premier directeur.


Si vous voulez en savoir plus sur le travail des BRICE, je vous recommande vivement la lecture de ROLAND BRICE Sculpteur du grand feu et ami de Fernand LÉGER, sous la plume de Rodolphe COSIMI. Il est passionnant.


En discutant avec madame BRICE nous avons également appris que plusieurs oeuvres monumentales de Roland BRICE installées en région parisienne (Argenteuil, Bagneux et Villejuif) étaient menacées de destruction ! Incroyable mais vrai. Une pétition circule et nous l'avons bien sûr signée. Espérons qu'il ne soit pas trop tard...

Seconde étape biotoise : la visite de l'exposition De soleil, d’argile, de feu - 50 ans de création céramique, à l'Office du Tourisme, qui nous invitait (eh oui, c'était le dernier jour) à la découverte du talent et de la diversité créative des céramistes biotois, en parcourant 50 années de travail, d’évolution et de passion.

Claude, Salvatore et Jean-Paul : trois bons copains !

J'ai été vraiment gâté car bénéficié de trois guides admirables : Claude PELLETIER, orfèvre, l'ami Salvatore et Jean-Paul VAN LITH, céramiste, peintre et verrier bien connu, que je rencontrais pour la première fois.

Un petit catalogue ayant été édité à l'occasion de l'expo, je vous engage à en demander un exemplaire auprès de l'Office du Tourisme tant qu'il est encore temps.

Les oeuvres étaient nombreuses et très intéressantes.

Je me suis vraiment régalé. En voici une petite sélection :


- Une grande sculpture récente de Jean-Paul VAN LITH. Son rouge est fabuleux !


- Une belle sélection de raku de Noël MONMARSON, artiste fasciné par la nature et le monde animalier.


- Un grand COVILLE, typique et particulièrement réussi.


- Très "60-70" ces trois céramiques ? Pas étonnant puisqu'elles datent de cette époque. Ils s'agit de porcelaines (peu communes à l'époque) de Jacqueline ORR, une céramiste à redécouvrir ;-), qui travailla également à quatre mains avec son mari Tim, sculpteur, jusqu'à son décès en 1989.


- Un bel ensemble de pièces anciennes (circa 1960) de Jean-Paul VAN LITH. La petite boîte anthropomorphe est particulièrement réussie. J'adore ce type d'objet ! Eh oui, je suis un inconditionnel des boîtes en céramiques...


- Ce petit vase inspiré par les animaux de la grotte de Lascaux n'est pas mal non plus !


- Un bel ensemble de petite pièces de Michel LANOS, très réussies techniquement.


- Michel LANOS (1926-2005) commença par produire des pièces traditionnelles, utilitaires, dans la poterie familiale. Il "monta" ensuite à Paris en 1960, travailla dans divers atelier comme tourneur (dont celui de Mado JOLAIN), fit un petit séjour en Bretagne dans l'atelier MADELINE-JOLLY où il participa à l'édition des céramiques de Jean COCTEAU. Il eut ensuite un atelier à Bondy, puis à Fontenay-sous-Bois où il se fixa, en 1976. C'était un excellent technicien, produisant de très beaux grès d'influence chinoise puis des pièces "peintes", très colorées et qui n'appartiennent qu'à lui (cf grand vase ci-dessus, sur l'étagère du haut ; le petit vase en dessous est une faïence cuite au bois de Jean-Paul VAN LITH datant de 1972).


A noter : La revue de la céramique et du verre publiera très prochainement une monographie de Michel LANOS. Un ouvrage à ne pas manquer !

Martine POLISSET est incontestablement l'une des céramistes contemporaines les plus talentueuses.  Elle y exposait de très belles pièces, particulièrement léchées :


- Une superbe coloquinte (?) géante. Quand la forme, la couleur et l'émaillage sont au rendez-vous on obtient une petite merveille !


- Une gigantesque (dans les 70 cm de haut) gousse d'ail, magnifiquement émaillée d'un beau blanc cassé craquelé.


- Une étonnante tomate, là aussi "hors normes" (dans les 60 cm de diamètre).


- Deux sculptures très récentes et particulièrement originales. Un travail "de romain", entièrement monté au colombin...

Roland BRICE était bien sûr présent :


- Avec une sélection de pièces très "Fernand LÉGER".


- Mais aussi avec des pièces plus personnelles, comme cet étonnant pichet...


- ... ou ces deux belles sculptures. La première, de très grande taille (près d'un mètre) est un hommage aux époux ROSENBERG, exécutés pour espionnage par les États-Unis durant la guerre froide.

Mais si j'avais pu repartir avec une pièce, j'aurai choisi ce très grand plat où tout ce que j'aime (forme épurée, couleur, émaillage, présence, etc.) s'était donné rendez-vous :


Une merveille d'Hans HEDBERG, l'un des plus illustres céramistes et sculpteurs biotois, surtout connu pour ses fruits et légumes démesurés, comme cette superbe pomme :


Ma photo ne lui rend pas justice car elle était vraiment "à croquer".

Chapeau bas, Monsieur HEDBERG !

D'autres artistes étaient bien sûr présents mais il en manquait hélas un, mais ce n'était pas une surprise : le bien trop discret Jean MÉGARD...

Troisième étape biotoise : la découverte de l'atelier de Jean-Paul VAN LITH et de son antre de collectionneur :-).

A suivre...

 ***

INTERLUDE

Juste pour le plaisir des yeux, deux de mes "bébés" qui vont bientôt être adoptés (eh oui, c'est très rare mais ça m'arrive de "déstocker" de temps à autre)...


- Un joli petit vase balustre des frères CLOUTIER (mon premier CLOUTIER ;-).


- Et un petit pied de lampe des époux RUELLAND, absolument exceptionnel par la qualité de son émaillage, très homogène, dense et on ne peut plus lumineux.


... et deux "nouvelles", en cours d'acclimatation au bureau : missis ANASSE & DALO, symboles de chance, longévité et sagesse. Que demander de plus ?


Ce soir, direction la Polynésie, avec l'émission Des Racines et des Ailes, sur France 3, qui nous fera voyager de Tahiti aux Marquises. Une émission à ne surtout pas manquer si vous voulez vous évader un peu. Je sens que je vais encore en pleurer d'émotion :-).

***


Retour à Biot. Après la visite de l'exposition, Jean-Paul VAN LITH nous a donc guidé dans son atelier-galerie puis chez lui, nous faisant très gentiment partager ses nombreuses merveilles.

Et c'est parti :


-  L'atelier. Un brin bordélique, comme tous les ateliers...


- Sauriez-vous identifier ses ami(es) céramistes ?


- La galerie, où il expose son travail récent : céramiques bien sûr, mais également peintures, dessins, verre émaillé. L'homme est un artiste complet.


- Une céramique récente, imposante par sa taille (dans les 70 cm de haut) et son émaillage, somptueux.


- Une oeuvre en verre émaillé tout aussi spectaculaire et encore plus grande !


- Un autre pièce verre, moins baroque.


-  Le stock de Jean-Paul. Un véritable caverne d'Ali Baba !


- Un stock entreposé dans un ancien... four !


- Dans la caverne de Jean-Paul, l'amateur est comme un fou ;-).


- Un superbe grand plat mural de Manfredo BORSI. Le Jean-Paul collectionneur pointe le bout de son nez...


- Un beau travail à quatre mains : deux boites en céramiques de J.-P. magnifiquement habillées par Claude PELLETIER. Un vrai travail d'orfèvre ;-).


- L'étage est le domaine du J.-P. collectionneur. Ici un superbe tableau "New York" et une grande céramique ayant figuré lors de la fameuse exposition "Machines en terre" (en 1963 ?), toutes deux signées VAN LITH. Cette exposition restée dans les annales présentait des oeuvres de DERVAL, ANASSE, VAN LITH, etc.


- Bibliothèque débordant d'ouvrages variés, céramiques personnelles (admirez la très grande bouteille à gauche) et d'amis (PORTANIER, DERVAL).


- Deux DERVAL impressionnants.


- Un troisième, "hors-concours". Ouf !


- J.-P. aime vraiment les objets...


- ... comme ces étonnantes et superbes vanités.


- J.-P. nous a également fait découvrir son travail de peintre, chez lui. La maison est un véritable havre de paix où petits bassins, sculptures et céramiques se sont donnés rendez-vous.


- Je n'ai hélas pas retenu le non du sculpteur ayant créé cette superbe "pierre et bois" :-(.


- Par contre, l'auteur du "Palais des Oiseaux" c'est J.-P. !


- Une petite céramique "incrustée".


- Une oeuvre peinte et dessinée foisonnante, qui mériterait un billet à lui tout seul...

Nous avons quitté Jean-Paul VAN LITH émerveillés par la variété et la qualité de son travail ainsi que par son extrême gentillesse.


Troisième et dernière étape biotoise : la visite de l'exposition Aux doigts et à l'oeil, consacrée au travail de la céramiste et plasticienne Rachèle RIVIÈRE, au musée d'histoire et de céramique biotoises, guidés par l'adorable Claude PELLETIER, responsable de ce délicieux petit musée.


Un musée qui a vu le jour en 1981 et est géré par une association type "Loi 1901".

Il répond à la nécessité de recueillir, sauvegarder et présenter au public des éléments du patrimoine de Biot liés à une histoire riche de plus de 2000 ans, à des traditions ainsi qu’à la poterie qui fit sa renommée pendant des siècles.

Le musée occupe l'ancien hôpital Saint-Jacques dont on a conservé la citerne, ainsi qu’une galerie aménagée dans l’ancienne chapelle des pénitents blancs (XVIème siècle), galerie destinée à des expositions temporaires, l'étage étant réservé aux collections permanentes.

La fameuse "citerne". Au fond : des pièces jetées par les visiteurs !

L'histoire de Biot est y retracée à travers des panneaux, photographies et objets.

Une cuisine biotoise typique du XIXème siècle a même été reconstituée grâce à la générosité des habitants.

Les collections provenant, au départ, de dons de familles du village, continuent à s’enrichir par des acquisitions.

L'une des fameuses jarres biotoises exposées

Le musée de Biot a besoin de votre soutien et vous invite à adhérer à son association.

Rachèle RIVIERE a choisi la terre comme support de sa pensée et nous fait partager ses nombreuses passions par ce biais, passions pour les rencontres, la mémoire, le livre, l'écriture, la musique, etc. 

Voici quelques oeuvres que vous pourrez admirer si vous faites le déplacement :


- "Temps-plié".

Une oeuvre fascinante par la la beauté et la finesse de sa matière.


- "Question of money # 2".

Le message et la philosophie de cette oeuvre sont on ne peut plus clair : l'argent ne doit pas stagner mais "circuler". C'est un moyen et non un but. Il ne faut jamais l'oublier ! La vie est courte et les vrais riches sont ceux qui meurent sans un sou, après avoir dépensé leur argent autant que faire se peut. C'est peut-être aussi parce qu'il ne circule plus assez (ah les Harpagon et la frilosité ambiante... ) que notre économie se porte si mal. Mais ça c'est une autre histoire... Une oeuvre qui m'attendait. "Point rouge" :-).


- "Constructions".

On ne peut être qu'émerveillé devant un tel édifice construit à l'aide de simples petites plaques de terre émaillée et estampée !


Comme moi, il maestro PARISI (ici dans la galerie) a bien aimé !

Si je suis allé à Biot ce samedi, c'est aussi parce que Claude PELLETIER m'a demandé d'exposer ma collection en 2015 et qu'on devait en discuter ensemble.

J'y ai longuement réfléchi et accepté sa proposition, pour deux raisons principales :

- la principale est pour remercier, rendre hommage et mieux faire connaître au grand public les artistes qui me rendent la vie si agréable ;

- la seconde pour "donner envie". Donner envie de vivre avec des oeuvres d'art, de collectionner, de fréquenter des artistes et d'autres amateurs. Bref, de sortir du métro-boulot-dodo sclérosant.

J'ai plein d'idées pour la scénographie, qui verra céramique, peinture, sculpture et tapisserie dialoguer "comme à la maison".

Vaste chantier, qui me permettra également d'accueillir à nouveau mes proches à la maison, "comme avant", du temps où ils campaient l'été dans mon salon, celui d'un collectionneur de... timbres-poste :-).

***

 CANNES

Avec Marie-Jeanne et Georges (cliché un peu flou de Salvatore)

Troisième étape : Cannes, où nous avons rendu visite à Georges PELLETIER, toujours aussi sympathique et fort affairé. Il n'arrête pas, l'artiste ! Le déjeuner tardif (il était près de 14 h) dont nous fûmes les invités (encore merci Georges ;-) restera longtemps dans nos mémoires tant l'homme est adorable et peu avare d'anecdotes sur le petit monde de la céramique et de ses acteurs, qu'il a presque tous connus. Promis-juré, la prochaine fois je viens avec mon dictaphone et le fais parler pour un billet qui fera date ;-).

Petite visite d'atelier en images :


- A l'entrée, une grande photo du céramiste sur le toit de son atelier parisien, au début des années 60, en compagnie de ses célèbres lampes ajourées à double éclairage.


- Il n'a pas changé, pas vrai ?


- Autoportrait au miroir.


- Les miroirs : l'autre spécialité de Georges. Celui-ci, en terre brute, non émaillée, fait près de 90 cm de diamètre avec ses ornements.


- Un autre type de miroir, plus baroque (émaillé à l'or véritable) mais, contrairement aux apparences, tout sauf "bling" !


- Miroir, mon beau miroir...


- Dans le même style, une applique oiseau-poisson.


- Georges au travail. Quand je vous disais qu'il n'arrêtait pas, c'est vrai ! Je l'ai surpris en train de ficher des éléments décoratifs sur un miroir en cours alors qu'il nous laissait explorer son atelier...


- Une réserve de petits ornements en terre et métal (le cylindre métallique sur la gauche est destiné à "découper" des pastilles de terre décoratives), un pain de terre, un bon café et du sport à la télé : c'est tout ce qu'il faut à Georges pour bien travailler...


- Le Synthol, c'est pour soulager les doigts. Vous croyez que c'est si facile que ça de rouler quotidiennement des centaines de boulettes de terre :-) ?


- Une antre où il passe l'essentiel de son temps. Il y travaille, cuisine, déjeune et n'en sort que pour effectuer ses livraisons ou jouer un peu au tennis.


- Georges n'a pas la grosse tête. Il est avant tout artisan et fait de l'art décoratif, qu'il a toujours présenté dans les principaux salons professionnels.


Nous avons quitté Georges à regret vers 17 h et j'ai poursuivi seul mon week-end vers la belle Marseille, après avoir profité d'un beau coucher de soleil sur la baie de Cannes et dépensé mes derniers sous auprès de l'un de mes dealers locaux favoris :-).

Durant le trajet en train, les voyageurs ont du me prendre pour un fou car j'ai fait tout seul une mémorable crise de fou rire. J'avais en effet apporté mon MacBook et ferraillais avec un adversaire sur un forum philatélique (faut pas me chercher dans mon boulot ;-) quand l'un de mes meilleurs amis a laissé un message on ne peut plus humoristique, qui, avec les miens, ont provoqué la fermeture dudit forum par les modérateurs. On était comme de vrais gamins ayant réussi leur sale coup...

***

MARSEILLE


Arrivé à mon hôtel, j'ai bien sûr aussitôt déballé ma dose cannoise : un superbe pot de Mado JOLAIN vert-anis, un vase-bouteille de Michel et Nicole ANASSE et une petite coupe signée BORDERIE et SZEKELY.


C'est de cette dernière dont je suis le plus fier. Elle n'est pas bien grande mais sa couleur (un superbe bleu turquoise sur fond brun-rouge) et son petit poisson central bleu foncé en léger relief me ravissent. Une céramique que je qualifierais volontiers de poétique...

Cette nuit-là, j'ai à la fois rêvé au grand bleu et aux abysses... de mon découvert.

Ayant en effet brûlé mes dernières cartouches à Cannes, il ne me restait qu'une carte bancaire, à débit différé certes mais hélas déjà bien "plombée", pour ramener cette satanée tortue qui m'avait tapée dans l'oeil !


La place Castellane et sa célèbre fontaine "Jules CANTINI" en marbre de Carrare, très tôt pour un dimanche matin (8 h), sur le chemin de la salle des ventes...


Toujours sur le chemin, une façade un brin "gothique".


Devant l'une des fenêtres de la salle des ventes : une petite céramique. Un bon signe ;-).

Une vente "classique" où je faisais office d'OVNI compte-tenu de la moyenne d'âge du public (largement au-dessus de 70 ans) et des centres d'intérêt des acheteurs (tout sauf la modernité). Un pro qui raflait quasiment toutes les "belles pièces" (un classique, à se demander ce que font les collectionneurs, remarquez, tant mieux pour les pros) et deux gros prix plus tard pour PICASSO, apparaît ma tortue, le n° 138. Je n'ai plus d'ongles. Un ordre d'achat risible, personne dans la salle mais hélas deux téléphones. Le contraire m'eut étonné. Le premier renonce très vite. Quelques minutes plus tard, après un petit ping pong d'enchères stressant, le second abandonne. Ouf ! La bestiole est à moi. Je ne serai de toute façon pas reparti sans elle, quoi qu'il m'en eût coûté.


Après la vente, en attendant mon bus, animal au bras faute d'emballage adéquat.


La miss se dégourdit les pattes.


Pas facile de trouver un espace vert pour se sustenter un peu...


Retour à Castellane. En attendant le métro pour le Vieux-Port.


Dans le métro. Sous les yeux ébahis des voyageurs :-).


Bientôt l'air libre !


Nous somme sortis au pied de la plus belle avenue du monde : la Canebière.


Juste en face du Vieux-Port, entièrement relooké l'an dernier. L'esplanade créée est l'une des plus grandes places piétonnes d'Europe, entièrement recouverte de grands carreaux de granit gris.


La superbe "ombrière" en inox poli de l'architecte Norman FOSTER. Une attraction très prisée des touristes !

Il y a des villes où l'on se sent bien et Marseille est l'une ce celles-ci, quoi qu'en disent les esprits chargrins et pas seulement parce que c'est la ville où je suis né et passé une partie de mon enfance.

J'y ressens toujours une certaine émotion à chaque fois que j'y reviens. Mon quartier, c'est celui situé derrière la mairie : l'avenue Saint-Jean, la rue Henri-TASSO, la rue de la Loge, la Grand'rue et bien sur le fameux et pitoresque quartier du Panier, où j'ai habité lorsque j'ai commencé à travailler (je vivais rue Sainte-Françoise).


La Grand'rue, commerçante. Au fond : le clocher de l'église des Accoules.


Les Accoules et l'ancien Hôtel Dieu, récemment reconverti en hôtel.


Un cinq étoiles : l'InterContinental Hotel Dieu. Un palace à Marseille ? Ça me fait tout drôle et ne correspond pas vraiment à l'identité populaire de cette ville cosmopolite...


En face : la mairie, le quai des Belges tout en bas et bien sûr la Bonne Mère sur sa butte !


Notre-Dame-des-Accoules. Quand, gamin, j'accompagnais ma pieuse grand-mère faire les courses à la Grand'rue, on s'y arrêtait toujours pour allumer un cierge :-).


Les immeubles populaires de l'avenue Saint-Jean.


Cet appart m'a toujours fait rêver. Vue mer garantie !


Le quartier a largement été reconstruit après la guerre et les dégâts occasionnés par les allemands. Les amateurs d'architecture pourront y admirer de beaux immeubles créés par l'architecte et urbaniste Fernand POUILLON, qui fut l'un des grands bâtisseurs des années de reconstruction. Ses réalisations se caractérisent par une insertion dans le site, un équilibre des masses né de proportions harmoniques rigoureuses, des matériaux nobles - y compris dans le logement social - et la collaboration d'artistes sculpteurs, céramistes, paysagistes. Bref, tout le contraire de ce qui se fait actuellement :-(.


Je me suis remis de mes émotions chez mon cousin Jean-Pierre et sa petite famille, qui m'ont vraiment gâté avec un succulent déjeuner et notamment un mémorable tiramisu aux fraises (merci Francesca ;-).


Pour digérer et rejoindre paisiblement Ceramic'land, rien de tel que trois bonnes heures de train et un peu de lecture.

J'ai notamment dévoré le dernier numéro d'AD, que je vous conseille vivement pour le remarquable article consacré à Félix MARCILHAC, antiquaire, expert et surtout grand collectionneur d'Art nouveau et Art déco avant l'heure. Il se sépare de sa collection et a ouvert sa porte et son coeur au magazine. Un bel exemple à suivre !

Morceaux choisis (j'applaudis ;-) :

- "Un objet d'art n'est pas neutre, il est "chargé", animé par celui qui l'a façonné, par celui qui l'a possédé".

- "Un objet, il faut le mériter, pas en hériter".

- "J'ai subi trois graves opérations, il est temps de régler mes affaires, de m'alléger. N'étant que le dépositaire des mes oeuvres, je me dois de veiller à ce qu'elles reviennent à des personnes susceptibles de les aimer, de les porter comme moi".

- "Lorsque l'on rencontre un objet, même si l'on n'a pas d'argent, il faut l'acquérir : l'argent on finit toujours par se le procurer ; l'objet, lui, ne reviendra pas".

Un livre sur sa vie de collectionneur est prévu :-). En attendant, l'Oeil de mars le met à l'honneur et lui consacre un article riche d'anecdotes savoureuses...

Il y a vraiment de quoi rester bouche bée devant le parcours et la collection de notre homme. Chapeau bas, monsieur MARCILHAC, et bonne retraite à Marrakech (2) !


Dimanche soir, vers 23 h : déballage :-).

(1) Au Japon, la tortue est symbole de chance et de longévité. Elle est considérée comme un animal de bon augure, censé apporter 10.000 ans de bonheur. Super !

(2) Notre collectionneur y vivra après la vente de sa collection. Tiens, ça me donne une idée pour quand je serai proche de l'autre bout du tunnel : tout vendre - sauf Lucette, bien sûr, ma petite loupe en argent à moi (3) - et partir en Polynésie...

(3) Le seul objet que F. MARCILHAC conservera, signé Lucien GAILLARD, parce qu'il est symbolique de ce qu'ont été ses recherches.

4 commentaires:

  1. bon..allez ..tu veux combien de fric;-) ?
    oh désolé petite tortue , j ai plus un rond , j ai tout claqué en abonnement Meetic et en anxyolitique !! ;-)

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  2. Zut ! Bon, je taperai quelqu'un d'autre... Au fait c'est quoi tes anxiolytiques ? Je pense que je vais en avoir bien besoin à la fin du mois. Et puis eux, au moins, ils sont remboursés par la Sécu, contrairement aux miens :-). Pour relativiser son malheur, excellent film ce soir sur France O, à 22h30 : La déchirure. Une très belle histoire d'amitié sur fond de génocide cambodgien. Bonne soirée ciné ;-).

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  3. Bonsoir Pascal
    La manière dont vous portez votre tortue.....
    On sent que celle là vous l'aimez déjà........
    En tout les cas ,c'est sur la bestiole est entre de bonnes mains
    Bravo à vous
    PS j'ai cru comprendre qu'une expo est programmée pour 2015!
    Nous sommes impatient....................
    Bonne soirée
    Cordialement
    Yvan

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  4. Bonsoir (enfin plutôt bonjour :-) Yvan,
    C'est vrai que je l'aime bien cette bestiole, elle a d'ailleurs très vite trouvé sa place, signe qu'elle devait venir habiter à la maison...
    Pour l'expo, c'est en bonne voie. Affaire à suivre et vaste chantier en perspective !
    A bientôt.

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